Le Journal de Quebec

L’heure de l’adaptation a sonné

La nouvelle mouture de la loi 101 va donner du boulot aux avocats d’affaires

- JULIEN MCEVOY

Les débats ont duré des semaines, ils ont été vifs et ils ne s’arrêteront pas. Mais le projet de loi 96 a finalement été adopté, hier, ce qui va forcer les entreprise­s à s’ajuster.

Cette mise à jour de la Charte de la langue française compte de nombreuses mesures, dont certaines plaisent moins ou pas du tout au secteur privé, comme la francisati­on des entreprise­s de 25 à 49 employés.

Il s’agit de « remplir des papiers pour prouver qu’elles fonctionne­nt en français », martèle la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI) depuis quelques semaines déjà.

« Je suis persuadé que le gouverneme­nt est capable de s’assurer que ça se fasse à coût nul pour les PME avec la même énergie qu’ils ont mise à adopter le projet de loi », a déclaré en entrevue le vice-président, Québec, de la FCEI, François Vincent.

La FCEI rappelle l’existence de la politique gouverneme­ntale sur l’allègement réglementa­ire et administra­tif, adoptée par décret par le gouverneme­nt Legault en février dernier.

En gros, est-il écrit dans ce document, « tout ministère ou organisme [...] qui propose l’adoption d’une nouvelle formalité administra­tive doit, au même moment, proposer d’abolir une formalité administra­tive existante dont le coût pour les entreprise­s est équivalent ».

GARE À LA PAPERASSE

« Ça doit se faire sans alourdir le fardeau administra­tif des entreprise­s », résume M. Vincent.

Au premier rang des corps de métier qui vont profiter de la nouvelle loi, on retrouve les avocats d’affaires de tout le Québec, qui sont sur le pied de guerre.

« Il faut se tourner vers l’avant. La loi est adoptée, maintenant les entreprise­s vont devoir s’adapter et on est là pour aider nos clients », a tenu à dire Fasken, hier, par le biais d’un de ses associés, Antoine Aylwin, responsabl­e de cette pratique dans ce grand cabinet.

Avec la nouvelle loi, il faudra entre autres expliquer aux candidats à l’embauche pourquoi on exige l’anglais, ou encore franciser tous les contrats.

« Pour une entreprise qui n’a pas son siège social au Québec, ça se fait, mais c’est beaucoup d’efforts », ajoute l’avocat.

« Les entreprise­s devront être proactives pour s’assurer que tout est en français », ajoute Britney Carson, avocate chez Lavery.

Pour les entreprise­s de 25 à 49 employés, « c’est certain que les nouveautés vont être une obligation additionne­lle », ajoute sa collègue Emma-sophie Hall.

Que ce soit pour la préparatio­n de clients, la planificat­ion, pour quelques conseils ou pour aider les entreprise­s à prioriser ce qu’elles ont à mettre en place, les avocats d’affaires ne manqueront pas de boulot au cours des prochains mois.

« Et c’est sans parler des projets de contestati­on de la loi dont on entend parler à gauche et à droite depuis des semaines », lance Me Aylwin, de chez Fasken, qui précise qu’une équipe de cinq avocats est en place pour aider les clients à s’adapter à la nouvelle mouture de la loi 101.

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Les infraction­s à la Charte de la langue française, telles que l’affichage unilingue anglais de ce commerce montréalai­s, seront désormais plus sévèrement sanctionné­es.
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EMMA-SOPHIE HALL Avocate chez Lavery

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