Le Journal de Quebec

Pomme de désaccord

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com LOUISE DESCHÂTELE­TS

Je vous écris parce que je suis en désaccord avec une recommanda­tion faite à un homme qui vous a écrit dernièreme­nt. Comme sa mère est sur son lit de mort, je vous prierais de publier mon conseil le plus vite possible afin qu’il n’arrive pas trop tard. Cet homme vous dit que sa mère se meurt d’un cancer incurable. Cette dernière ne lui avait jamais pardonné d’avoir quitté sa femme, la mère de ses enfants, pour vivre sa vie d’homosexuel.

Même si elle n’a plus jamais voulu lui reparler depuis, maintenant qu’elle est à l’article de la mort, il aimerait suivre l’élan de son coeur et aller la voir malgré son rejet. J’ai compris que votre conseil visait à lui épargner l’éventuelle souffrance d’un second rejet. Mais avez-vous pensé que si jamais il ne la revoyait plus, il s’en voudrait à jamais de ne pas au moins avoir tenté de la revoir ? Et quand elle sera fin morte, il sera trop tard.

Imaginez un instant que cette mère, gravement malade, souhaite aussi secrètemen­t revoir son fils sans avoir le courage de le lui dire, quel drame ce serait que lui ne fasse pas les premiers pas. Qu’elle le rejette ou qu’elle accepte de le serrer sur son coeur, il aura agi par amour et c’est ça qui compte.

Je terminerai en citant mon cher beau-frère qui répète à qui veut l’entendre : « Tu as quelque chose à dire à quelqu’un, dis-le pendant qu’il est en vie et qu’il est encore capable de l’entendre. Après, ce sera trop tard ! »

Mary

Votre point de vue vaut le mien, mais je ne le partage pas totalement. Je me verrais mal forcer la porte de quelqu’un qui ne veut plus me voir depuis dix ans et qui m’aurait rejetée en termes clairs, sans jamais trouver le moyen de revenir sur une décision aussi radicale, issue d’un rejet systématiq­ue de ma vraie nature, comme c’était le cas de ce monsieur.

Si sa propre soeur insiste autant pour qu’il le fasse et qu’elle n’a même pas le courage de préparer le terrain pour lui auprès de leur mère, ne pensez-vous pas qu’il risque de nouveau le rejet s’il obtempère ? J’ai pour mon dire que la santé mentale des uns vaut bien celle des autres.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada