Les fans de séries télé ne décrochent plus
Depuis la pandémie, certains sont devenus sériphiles
La pandémie a accentué la dépendance aux séries télévisées, dont certains fans n’arrivent pas à décrocher.
« En donnant plus de temps libre aux gens, la pandémie a permis aux fans de séries télévisées de multiplier les sites dérivés de leurs personnages favoris. Comme s’ils n’arrivaient plus à décrocher », explique la doctorante Joyce Cimper.
Elle présentait hier au congrès de l’association francophone pour le savoir (Acfas) à Montréal une conférence sur un phénomène en croissance nommée « sériphilie ».
Au cours des derniers mois, d’innombrables sites ont été créés par des amateurs de Game of Thrones, Squid Game ou autres mégaproductions disponibles sur différentes plateformes numériques.
Ces sites reprennent des extraits des scènes ou des personnages et leur font vivre de nouvelles aventures parallèles. Sans être aussi léchés esthétiquement que les originaux, ces sous-produits attirent des millions de spectateurs.
S’il existe des téléromans très populaires depuis les années 1970, la sériphilie (l’adoration des séries télévisées) est née avec les réseaux sociaux, relate Mme Cimper.
Dans des cas extrêmes, des accros vont regarder des séries en accéléré.
« Ils condensent les épisodes de 50 minutes sur 30 et passent aussitôt au suivant », soutient la chercheuse.
Ce qui les motive ? La crainte de manquer la série de l’heure.
PAS D’INQUIÉTUDES
D’autres vont imaginer des rencontres avec les personnages de séries trop vite supprimées de la programmation. Il s’agit de procédés technologiques où l’intelligence artificielle peut être mise à contribution.
Pour Mme Cimper, dont le doctorat en études cinématographiques de l’université de Montréal porte sur une trentaine de séries produites au cours des quatre dernières décennies aux États-unis et en Corée du Sud, la sériphilie n’est pas inquiétante.
« L’attachement du public pour les séries s’entame dès l’enfance quand les spectateurs découvrent des personnages drôles ou émouvants. Ils reviennent le lendemain et les jours suivants », explique-t-elle en montrant des extraits de l’émission Les Simpson.