Le Journal de Quebec

Sommes-nous un peuple de perdants ?

- Richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Après les jeunes qui éprouvent de la difficulté à conjuguer leurs participes passés

(les pommes qu’on a mangé, mangés ou mangées ?), voici les jeunes qui coulent leur examen de français.

Comme nous l’a appris ma collègue Daphnée Dion-viens, lundi, moins d’un jeune sur deux a obtenu la note de passage en orthograph­e et en grammaire lors de l’épreuve de français de secondaire 5 en juin dernier.

« Pour l’orthograph­e, non seulement ça ne s’est pas amélioré, mais ç’a beaucoup décliné après la pandémie. C’est assez alarmant », de dire une professeur­e en didactique du français.

LES VRAIES AFFAIRES

« Nous sommes quelque chose comme un grand peuple », a déjà dit René Lévesque.

Euh... non, désolé.

Les grands peuples sont fiers, ils maîtrisent leur langue. Ils savent comment l’écrire et comment la parler.

Je ne me ferai pas d’amis, mais quand tu immigres, quand tu prends la dure décision de te déraciner et de changer de pays, c’est pour améliorer tes conditions de vie.

Et quand tu veux améliorer tes conditions de vie, tu ne t’associes pas à des perdants, mais à des gagnants.

Or, un peuple qui ne maîtrise pas sa langue maternelle est un peuple de perdants.

C’est dur, mais c’est la réalité. Quand tu te fous de ta culture, quand tu te fous de ta langue, quand tu ne connais pas ton histoire, quand tu refuses de prendre les seules décisions qui s’imposent pour assurer la survie de ton peuple, quand tu te dis Non à deux reprises, quand tu préfères rester dans un pays qui te méprise plutôt que de relever tes manches comme l’ont fait tes ancêtres et construire un pays qui te ressemble, eh bien tu fais partie des perdants.

Ne te plains pas, ensuite, si les gens qui viennent s’établir chez toi hésitent à rejoindre ton camp.

À un moment donné, il faut se dire les vraies affaires !

Ça fait des décennies qu’on voit notre maîtrise du français décliner, et ça fait des décennies qu’on ne fait rien.

On regarde notre héritage s’écouler comme l’eau d’un bain dont on a retiré le bouchon, et c’est à peine si on hausse les épaules.

On est comme fasciné. On se demande jusqu’où ça va aller.

Et au lieu de nous montrer exigeants envers nos enfants afin de redresser la situation, on ne cesse au contraire de baisser la barre. On danse le limbo.

Allez, plus bas ! Encore plus bas !

Toujours plus bas !

Après le joual, le franglais !

Et après le franglais, le chiac !

ÇA CHILL À L’OS !

Et surtout, de grâce, n’imposez pas la dictée aux jeunes !

C’est rétrograde ! Réactionna­ire !

Ça impose des valeurs néolibéral­es comme la compétitio­n !

L’évaluation !

La hiérarchie ! Le respect des règles !

Du pouvoir !

Et puis, le « par coeur », ça tue l’innovation !

L’initiative !

C’est comme le travail à l’usine !

Ça écrase ! Ça étouffe !

Laissons les enfants libres !

L’important est qu’ils s’expriment !

Ils vont inventer une nouvelle langue !

Des nouveaux mots !

Qui se retrouvero­nt dans 25 ans dans le dictionnai­re !

« Vag »! « Wesh »! « Stife »!

Comme disait un rappeur dans

Le Devoir mardi, c’est le génie de la langue !

Et c’est comme ça qu’un peuple meurt.

Par paresse.

Et indifféren­ce.

Ça fait des décennies qu’on voit notre maîtrise du français décliner, et on ne fait rien.

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada