Le Journal de Quebec

Nos jeunes ne vont pas bien du tout

Vous connaissez notre rubrique humoristic­o-insolite intitulée Le Sac de chips.

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J’y lisais l’autre jour qu’une mannequin allemande de 31 ans a payé

160 000 $ pour se faire insérer des tiges de métal télescopiq­ues dans les jambes afin de gagner six pouces.

C’est extrêmemen­t douloureux, ditelle, mais elle est satisfaite, sauf pour la « vague de haine sur le web ».

Béatrice Martin, alias Coeur de pirate, confiait pour sa part qu’elle s’injecte du Botox depuis cinq ans.

Elle a… 33 ans.

ANXIÉTÉ

Ces jeunes femmes, qui ont de sérieux problèmes à mon humble avis, ne sont que la pointe extrême de l’iceberg.

J’enseigne à l’université depuis 20 ans. Je me rappelle aussi ma propre jeunesse.

Honnêtemen­t, je n’ai jamais vu des jeunes aussi anxieux et dépressifs que les génération­s Z et Y.

Toutes les données chiffrées sur lesquelles j’ai mis la main le confirment.

À des degrés divers, ils sont préoccupés, voire obsédés, par la crise climatique, le racisme, leur identité sexuelle, leur image corporelle, le jugement des autres, les tueries de masse, etc.

La pandémie est venue exacerber toutes ces préoccupat­ions déjà présentes.

Avez-vous déjà tenté d’expliquer à un jeune qu’en raison de la démographi­e, il n’a pas à craindre de manquer de travail ?

Il stressera quand même, car il voudra l’emploi « parfait ».

On peut éprouver de l’agacement (ça m’arrive), mais ils sont largement les produits d’une époque fabriquée par leurs aînés.

La génération Z passe en moyenne 10 heures par jour en ligne, ce qui ne laisse plus beaucoup de temps pour pratiquer un sport ou avoir des relations humaines significat­ives.

Quand elle cherche des réponses, elle se rabattra souvent sur Tiktok, un marché aux puces du charlatani­sme.

C’est comme si elle n’arrivait pas à faire la différence entre gratter son bobo et chercher à comprendre ce bobo en mode solution.

Beaucoup, heureuseme­nt, n’hésitent pas, contrairem­ent à nous jadis, à admettre leurs problèmes et à s’adresser à des psychologu­es.

Un étudiant me demandait récemment : « Vous, qui avez eu une carrière politique et un parcours médiatique intenses et parfois stressants, comment avez-vous fait pour préserver votre santé mentale, pour éviter l’épuisement profession­nel ? »

Je n’ai rien trouvé de mieux à dire que ma petite vérité personnell­e.

Dans mon temps, ai-je répondu, on faisait ce qu’on avait à faire, on endurait, on serrait les dents, je ne savais même pas ce qu’était le « burn-out ».

Pourtant, nous avons connu des récessions, des défaites amères, de cruelles déceptions, des horizons bouchés, des soucis financiers, des crises familiales, des déboires conjugaux, la révolution de l’internet, etc.

VIVRE

Évidemment, ça ne donne rien de leur dire de s’endurcir.

Par-dessus tout, ils veulent de la clarté, de la stabilité, des repères, moins de confusion.

C’est comme s’ils aspiraient à une vie parfaite et, dès qu’elle ne l’est pas, c’est le drame.

Voilà peut-être le vrai message positif à leur livrer : il n’a jamais été facile de vivre, et ce ne le sera jamais.

Un étudiant me demandait récemment : « Vous, qui avez eu une carrière politique et un parcours médiatique intenses et parfois stressants, comment avez-vous fait pour préserver votre santé mentale, pour éviter l’épuisement profession­nel ? »

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