Le français en science : de nouvelles solutions se profilent
Les nouveaux outils informatiques en ligne pourraient aider le français à reprendre une place en science.
Dans cette semaine du congrès annuel de la vénérable Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas), fondée il y a 100 ans entre autres par Marie-victorin, il vaut la peine d’évoquer cette possibilité. Un changement de donne se prépare peut-être.
De quels outils parlet-on ? Tout le monde ou presque connaît l’instrument de traduction du géant Google. On met une phrase en n’importe quelle langue d’un côté. Et de l’autre, apparaît la traduction dans la langue désirée.
On obtient de moins en moins des résultats du type « Made in Turkey/ Fabriqué en dinde », comme ce fut le cas au départ.
Surtout lorsqu’on se tourne vers d’autres moyens plus raffinés tel Deepl.com. Les progrès de l’intelligence artificielle permettent désormais d’obtenir en un éclair des traductions très acceptables dans l’ensemble. Le fascinant et controversé CHATGPT en produit d’impressionnantes. Autrement dit, tous ces outils font en sorte de réduire le nombre d’heures passées à réviser et corriger une première ébauche de traduction effectuée par une machine.
EFFONDREMENT
Cette nouvelle réalité survient à une époque où, au Québec et au Canada, le français décline en science. Où les chercheurs aussi se sentent contraints de consacrer beaucoup de temps à produire des demandes de subventions et des articles scientifiques directement en anglais.
« Selon l’observatoire des sciences et des technologies, la proportion d’articles scientifiques publiés en français au Québec est passée de
4,0 %, en 2000, à 0,6 %, en 2021 », écrivait le député bloquiste Maxime Blanchette-joncas dans notre rubrique « Faites la différence », en février.
Même en sciences sociales, en 1980, 50 % des articles étaient publiés dans la langue de Molière ; aujourd’hui, c’est 70 % en anglais.
Il existerait même une sorte de discrimination systémique du français au Canada, selon les résultats d’une enquête de Radio-canada publiés récemment. Entre 2001 et 2016, « parmi toutes les demandes présentées à l’institut de recherche en santé du Canada, 39 % des demandes en anglais ont été acceptées, contre seulement 29 % des demandes en français ».
Le reportage exposait la position d’une vice-rectrice associée à l’université d’ottawa, Martine Lagacé, selon qui Ottawa doit définir au plus vite une stratégie pancanadienne pour appuyer la recherche en français, « sinon les chercheurs francophones vont abdiquer complètement ».
On ne peut qu’approuver cette demande. Surtout si la stratégie en question met à profit la nouvelle donne informatique. Laquelle permet de faciliter les communications dans la tour de Babel scientifique ? Mais aussi de favoriser la production scientifique directement en français pour les 320 millions d’individus dans le monde. Pourquoi s’échiner à publier directement ou uniquement en anglais quand on peut traduire son texte de manière efficace en quelques secondes ?
Cela favoriserait en plus une nécessaire diversité culturelle dans les sciences. Justement, la science nous a fait comprendre depuis longtemps que la langue est bien plus qu’un simple outil de communication, c’est un monde, un univers, la possibilité de développer des perspectives uniques.
Au Québec et au Canada, le français décline en science.