« Il m’a volé ma dignité et m’a laissée pour morte »
Une femme violée par son frère a témoigné hier des conséquences sur sa vie
« Durant cette nuit, il a pris la décision de ne plus être mon frère. Il m’a brisée. » Violée par son propre frère le soir d’un anniversaire de famille, une femme de Québec a témoigné avec courage lors des observations sur la peine de celui qui lui a « volé une partie d’elle-même ».
Myriam Veilleux ne veut plus avoir honte. Elle ne veut pas porter le blâme pour l’implosion de sa famille.
Dans la nuit du 10 au 11 mars 2018, c’est son frère qui a détruit sa vie, et non l’inverse, a insisté la victime hier lors des observations sur la peine au procès de Michael Veilleux (voir autre texte).
L’homme de 35 ans a été reconnu coupable d’agression sexuelle il y a un an presque jour pour jour.
« Je suis sa soeur. Je suis du même sang que lui. C’est répugnant », a témoigné avec aplomb la victime.
MARQUÉE À JAMAIS
Les Veilleux célébraient l’anniversaire de leur père le 10 mars 2018. Une soirée festive, comme on en voit dans la majorité des familles.
Mais depuis cette nuit-là, pour Myriam Veilleux, les festivités et les rassemblements ne veulent plus dire qu’une chose.
« Pour moi, ça veut dire viol », a laissé tomber lourdement la femme, laissant le juge Frank D’amours prendre la mesure des conséquences du crime sur sa vie.
Ce soir-là, après un souper dans un restaurant, la famille Veilleux se dirige dans un bar. C’est là le dernier souvenir qu’a la femme, originaire de Saint-georges, mais qui habite désormais Québec.
Elle revient à elle le lendemain de cette soirée arrosée, dans une chambre d’hôtel, partiellement dévêtue, du vomi à la bouche et sans petite culotte.
C’est une trousse médico-légale et plus particulièrement l’évaluation de L’ADN retrouvé dans son vagin qui permet d’identifier celui qui l’a violée.
« Il m’a volé ma dignité et il m’a laissée pour morte. »
FAMILLE DÉTRUITE
Depuis, c’est tout ce que Myriam Veilleux connaissait qui a basculé. Ses croyances, ses valeurs les plus profondes, ont été ébranlées.
« La famille, ça devrait être sacré. [...] Il m’a enlevé ma confiance envers les hommes et même envers tout être humain parce que si ton frère peut te violer, tu te dis que tout le monde le peut », a confié la femme, lisant une lettre qu’elle avait préparée pour son témoignage.
Et le reste de la famille a évidemment aussi été affecté. Aucun clan, même tissé serré, ne peut se sortir indemne d’un tel événement.
« Il a brisé la famille. Il l’a divisée. [...] La famille a aussi un deuil à faire », a exposé celle qui a dû expliquer à ses enfants ce que « mononcle Michael » lui avait fait.
SE BATTRE CONTRE LES DÉLAIS
En plus de tenter de se reconstruire, Myriam Veilleux doit se battre contre les délais judiciaires qui s’étirent dans son dossier.
Cinq ans après l’agression et un peu plus de quatre ans après le dépôt de l’accusation, son chemin de croix n’est toujours pas terminé.
« Le jour de mon viol, on m’a planté un couteau dans le dos et à chaque étape, à chaque report, on le tourne dans tous les sens. [...] Je ne peux pas penser à guérir tant qu’on n’enlève pas le couteau », a mentionné la femme.
Chaque passage à la cour, chaque rendez-vous médical, chaque changement de psychologue, elle doit raconter encore et encore son histoire.
Hier, au palais de justice de Saint-joseph-de-beauce, c’est une autre goutte qui s’ajoutait au supplice.
« Aujourd’hui, pour une autre fois, je vais retourner chez moi et refaire comme au jour un. Je vais monter les escaliers, ouvrir les champleures et me laver pour essayer d’enlever la saleté qui est sur moi. »
Le juge Frank D’amours a pris le dossier en délibéré et doit rendre sa décision sur la peine au début du mois de juillet.