Améliorer la maîtrise du français en aidant les élèves à « se sentir moins poches »
Pour aider les élèves à mieux réussir en orthographe, il ne faut pas seulement revoir les programmes de français ou les stratégies d’enseignement : il est aussi important d’aider les élèves à « se sentir moins poches », puisque la perception de leur compétence à bien écrire pèse aussi dans la balance, affirme une chercheuse.
Priscilla Boyer est professeure en didactique du français à l’université du Québec à Trois-rivières. Dans le cadre du congrès de l’acfas qui se déroule cette semaine à Montréal, elle présentait hier les résultats d’une étude longitudinale qui a permis de documenter pendant cinq ans les perceptions et la motivation de 228 élèves du secondaire par rapport à leur maîtrise de l’orthographe, un exercice « inédit » au Québec, souligne-t-elle.
Cette étude permet de démontrer que, dès leur arrivée au secondaire, la motivation des élèves envers l’orthographe est « très faible » et ne s’améliore guère au fil des ans.
Pire, la perception de leur capacité à bien écrire – identifiée dans la recherche comme étant le « sentiment d’autoefficacité » – diminue même entre la première et la cinquième secondaire.
Il s’agit de résultats « préoccupants », selon Mme Boyer. Dans un contexte d’apprentissage, la perception de leur compétence en orthographe devrait plutôt s’améliorer avec l’apprentissage de nouvelles notions, et non l’inverse.
« C’est contradictoire. Les élèves apprennent des nouvelles choses, mais plus ils avancent dans le temps, plus ils se trouvent poches. Il y a vraiment quelque chose à travailler là », dit-elle.
CROIRE EN SES CAPACITÉS
Il s’agit d’un élément clé, puisque les résultats de recherche ont aussi démontré que les élèves qui croient en leurs capacités réussissent mieux, alors que ceux qui se sous-évaluent performent moins bien, même à compétences égales.
C’est pourquoi il est « hyperimportant » de faire vivre de petites réussites aux élèves, en particulier à ceux qui ont des difficultés en orthographe, afin de les amener à croire en eux, affirme Mme Boyer.
Mais attention, il n’est pas question ici de faire vivre de « fausses réussites » aux élèves, qui ne sont pas dupes de toute façon. « Ce n’est pas en les protégeant dans la ouate que ça va fonctionner », prévient-elle.
Plutôt que de demander aux élèves de corriger toutes leurs fautes lors d’une dictée, l’enseignant pourrait en cibler quelques-unes, par exemple. « Pourquoi ne pas cibler quatre fautes dans chacune des copies et choisir des cas à la portée de l’élève, pour celui qui est plus faible, ou des fautes plus corsées à corriger pour celui qui est plus fort ? » dit-elle.
Le Journal rapportait en début de semaine que moins d’un jeune sur deux a obtenu la note de passage en orthographe lors de l’épreuve de français de cinquième secondaire en juin 2022, ce qui représente un des pires scores depuis près de dix ans.