Des chefs innus contre l’ingérence de Québec
Ils s’inquiètent d’une loi sur la protection des langues
Des chefs innus ont demandé hier au gouvernement québécois de ne pas s’ingérer dans la protection des langues autochtones, en s’opposant à l’adoption d’une loi qu’ils ont qualifiée de paternaliste.
« Nous aimerions obtenir un engagement de votre part à ne pas développer et déposer un projet de loi sur les langues autochtones sans obtenir un consentement libre et éclairé de tous les chefs suite à une table de consultation avec le Québec », a réclamé le chef d’ekuanitshit, hier à Uashat, épaulé par les chefs de Uashat mak Mani-utenam et de Nutashkuan.
SAUVEGARDER LA LANGUE
De l’avis des trois chefs, c’est aux peuples autochtones de prendre en main la sauvegarde de leur langue, ajoutant au passage que le gouvernement du Québec n’aurait pas la juridiction pour légiférer les langues ancestrales, ont-ils indiqué devant le ministre Ian Lafrenière, responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit.
Selon eux, c’est avec une plus grande autonomie qu’ils auront les moyens de relever le défi que représente la sauvegarde de la langue.
L’échange, introduit initialement à titre de consultation du gouvernement provincial, a été finalement présenté comme un dialogue avec les Premières Nations sur la question de la langue par le ministre Lafrenière.
MAINTENIR LE DIALOGUE
En réponse au chef de Uashat, qui a qualifié de paternaliste l’approche du gouvernement du Québec dans ce dossier, le ministre a tendu la main pour poursuivre les discussions.
« Je veux être clair : je ne veux pas légiférer sur comment vous utilisez votre langue, comment vous la protégez. Ce qu’on veut faire, c’est se donner nous des obligations. Comment on peut travailler avec vous. Mais je vous le dis, je me présente devant vous, je comprends les craintes », a précisé le ministre.
Malgré les réticences des Premières Nations, le ministre Lafrenière a ainsi réussi à maintenir le discussion.
Le dialogue public sur la revitalisation et la promotion des langues autochtones avait tenu une première activité à Vald’or au début du mois. Après celle du Uashat, deux autres rencontres devraient avoir lieu à Kuujjuaq et Montréal.