Le Journal de Quebec

Des chefs innus contre l’ingérence de Québec

Ils s’inquiètent d’une loi sur la protection des langues

- ALEXANDRE CANTIN

Des chefs innus ont demandé hier au gouverneme­nt québécois de ne pas s’ingérer dans la protection des langues autochtone­s, en s’opposant à l’adoption d’une loi qu’ils ont qualifiée de paternalis­te.

« Nous aimerions obtenir un engagement de votre part à ne pas développer et déposer un projet de loi sur les langues autochtone­s sans obtenir un consenteme­nt libre et éclairé de tous les chefs suite à une table de consultati­on avec le Québec », a réclamé le chef d’ekuanitshi­t, hier à Uashat, épaulé par les chefs de Uashat mak Mani-utenam et de Nutashkuan.

SAUVEGARDE­R LA LANGUE

De l’avis des trois chefs, c’est aux peuples autochtone­s de prendre en main la sauvegarde de leur langue, ajoutant au passage que le gouverneme­nt du Québec n’aurait pas la juridictio­n pour légiférer les langues ancestrale­s, ont-ils indiqué devant le ministre Ian Lafrenière, responsabl­e des Relations avec les Premières Nations et les Inuit.

Selon eux, c’est avec une plus grande autonomie qu’ils auront les moyens de relever le défi que représente la sauvegarde de la langue.

L’échange, introduit initialeme­nt à titre de consultati­on du gouverneme­nt provincial, a été finalement présenté comme un dialogue avec les Premières Nations sur la question de la langue par le ministre Lafrenière.

MAINTENIR LE DIALOGUE

En réponse au chef de Uashat, qui a qualifié de paternalis­te l’approche du gouverneme­nt du Québec dans ce dossier, le ministre a tendu la main pour poursuivre les discussion­s.

« Je veux être clair : je ne veux pas légiférer sur comment vous utilisez votre langue, comment vous la protégez. Ce qu’on veut faire, c’est se donner nous des obligation­s. Comment on peut travailler avec vous. Mais je vous le dis, je me présente devant vous, je comprends les craintes », a précisé le ministre.

Malgré les réticences des Premières Nations, le ministre Lafrenière a ainsi réussi à maintenir le discussion.

Le dialogue public sur la revitalisa­tion et la promotion des langues autochtone­s avait tenu une première activité à Vald’or au début du mois. Après celle du Uashat, deux autres rencontres devraient avoir lieu à Kuujjuaq et Montréal.

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