Jongler entre politique et famille
Deux mères siègent comme élues en plus de s’occuper de jeunes enfants
Travail de soir, allaitement, enfants malades : malgré les mesures mises en place dans les dernières années, concilier politique et jeunes enfants exige beaucoup d’organisation, constatent deux élues municipales montréalaises rencontrées par Le Journal. « Ça prend un village »
Vana Nazarian était enceinte de six mois lorsqu’elle a décidé de faire campagne et a accouché de son troisième enfant à deux jours des dernières élections municipales, en novembre 2021.
La conseillère de la Ville pour le district Côte-de-liesse, à Saint-laurent, affirme pouvoir compter sur le soutien du maire de l’arrondissement, Alan Desousa, mais aussi sur celui de son conjoint.
« Ça ne se fait pas tout seul, une campagne électorale ni ce qui vient après. Ça prend un village », dit l’élue d’ensemble Montréal.
La dernière fois qu’un de ses fils a été malade, c’est son père qui est venu à la rescousse pour qu’elle puisse assister à une séance plénière.
« Ça prend un conjoint qui nous soutient pendant qu’on n’est pas là, parce que ça arrive souvent », affirme de son côté Vicki Grondin, conseillère de la Ville à l’arrondissement de Lachine pour Projet Montréal.
La mère de Clara, 10 ans, et de Malik, un an, bénéficie aussi d’un solide réseau de soutien. Les soirs de conseil, c’est sa mère qui prend le relais jusqu’à l’arrivée de son conjoint, qui s’occupe de la routine du dodo de son fils.
L’allaitement
Les deux élues allaitent encore leur plus jeune.
Vana Nazaran aimerait pouvoir bénéficier d’une salle d’allaitement à l’hôtel de ville de Montréal.
« On m’a déjà dit d’allaiter dans les toilettes ! », déplore celle dont le conjoint l’a souvent attendue à la sortie des réunions pour qu’elle puisse allaiter son fils.
Pour sa part, Vicki Grondin souligne que la politique municipale a évolué.
« Je sens une belle ouverture. On m’a dit : “Tu peux amener ton bébé au conseil, tu peux l’allaiter” », explique la conseillère de Projet Montréal.
Même si l’hôtel de ville n’a pas de salle prévue à cet effet, elle trouve toujours un endroit pour tirer son lait.
« Il y a beaucoup d’entraide. Je suis la bienvenue dans les bureaux de mes collègues qui siègent au comité exécutif », dit-elle.
Le travail de soir
Chez Vicki Grondin, c’est la course contre la montre les soirs de conseil d’arrondissement.
Pendant que sa fille aînée fait tranquillement ses devoirs, l’élue de Projet Montréal prépare les lunchs du lendemain, en plus d’un sandwich qu’elle mangera dans sa voiture avant le conseil de Ville-marie, où elle agit comme conseillère désignée.
Elle siège aussi au conseil d’arrondissement de Lachine et aux séances du conseil municipal, qui se tiennent aussi le soir.
L’an dernier, l’opposition à l’hôtel de Ville a demandé
qu’elles commencent à
19 h 30 et se terminent à 20 h 30, plutôt qu’à 22 h. Le conseil a finalement statué pour 21 h 30.
Même si elle manque l’heure du dodo, Mme Grondin préfère avoir du temps pour se préparer le lundi matin. Elle rappelle que la vie d’élue vient avec beaucoup de lectures : sommaires décisionnels, rapports de commissions, mémoires...
Pour vivre sa vie de famille, la conseillère a mis des limites : elle s’absente un maximum de trois soirs par semaine. « Ça se passe bien, on se partage les événements avec les autres élus », souligne-t-elle.