Le Journal de Quebec

Pas parent 1 ni parent 2, je suis maman !

Je n’ai pas pleuré de joie le jour de sa naissance, je ne pouvais que rêver au jour où elle arriverait dans ma vie.

- Analyste politique

J’ai appris son existence, elle avait déjà 19 mois. C’était le jour du déclenchem­ent de la campagne électorale de 2012.

Une photo, de grands yeux noirs qui portaient déjà toute son histoire. Je ne la connaissai­s pas, je ne savais à peu près rien d’elle. Et pourtant, après 3 ans et demi d’attente, déjà, le pacte était scellé.

Elle, c’est ma fille, adoptée à l’âge de 23 mois.

Elle, c’est l’amour de ma vie.

Moi, je suis sa maman.

Elle aura toujours une mère biologique, nous l’aimons, nous en parlons ouvertemen­t, elle nous habite, pour toujours.

Ça n’empêche pas que je suis sa maman. Voilà pourquoi il ne faut pas occulter la fête des Mères, peu importe le parcours sinueux, parfois douloureux de certains enfants.

Les familles d’aujourd’hui sont à géométrie variable.

Elles défient souvent les limites rationnell­es de l’arbre généalogiq­ue de notre enfance. Mais ce n’est pas parce que l’on célèbre la multiplici­té des modèles, tous valables, qu’il faut effacer leurs fondements.

HÉRITAGE

J’ai été élevée à l’époque où les enfants servaient de faire-valoir à la grandeur de leurs parents.

C’était très bourgeois, très Outremont. Les parents brillaient par la qualité des réussites de leurs enfants.

Nous sommes nombreux de ma génération à encore essayer de nous en remettre.

J’ose espérer que je ne suis pas la seule à avoir rejeté cette vision narcissiqu­e et égocentriq­ue.

Mais est-ce que ça veut dire qu’il faut désavouer nos parents dans leur ensemble ? Bien sûr que non ! Impossible de désavouer le bonheur de m’endormir dans les bras de maman lors d’un trop long souper au restaurant.

Comment ne pas célébrer les rituels, petits et grands, qu’elle a cultivés, et que je reproduis aujourd’hui ?

La même berceuse au moment du dodo, le village de Noël, puis tous ceux que j’ai inventés, mais qui s’inspirent de cet amour inconditio­nnel, viscéral.

PROGRÈS

Sous prétexte d’être inclusif, il faudrait sacrifier la fête des Mères sur l’autel de la diversité ?

Sous prétexte d’être sensible aux épreuves des uns et des autres, il faudrait revisiter cette célébratio­n d’une autre époque ?

Ce serait une grave erreur.

Ce serait nier le plus beau cadeau de la vie. Surtout en 2023.

Les femmes commencent à peine à pouvoir jongler avec carrière et maternité

Pendant trop longtemps, elles ont dû renoncer à l’un ou à l’autre. Ou pire, bâcler l’un ou l’autre ou les deux.

On entre enfin dans une époque où il commence à être permis de sacraliser le spectacle de théâtre, la compétitio­n de ballet ou le rendez-vous chez le psy.

Les mères commencent à peine à n’avoir plus honte de placer, de temps en temps, le bien être de leur poussin avant l’impératif profession­nel.

N’ayez crainte, elles n’en abusent pas. Elles commencent juste à cesser d’en faire des ulcères.

Alors de grâce, célébrons la fête des Mères.

Pour nos mères, leurs combats.

Pour nous et les nôtres.

Et pour nos filles et ceux qu’elles mèneront !

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Impossible de désavouer le bonheur de m’endormir dans les bras de maman lors d’un trop long souper au restaurant.

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