Exposé à l’horreur
L’ex-militaire a raconté avoir côtoyé la mort de près
Le témoignage de Martin Lévesque s’est ouvert hier avec un survol de sa carrière militaire, chargée en images troublantes et en pertes marquantes auxquelles l’homme aujourd’hui accusé de meurtre a toujours de la difficulté à faire face.
Physiquement, Martin Lévesque ne ressemble plus à l’homme qu’il était le soir de son arrestation pour le meurtre de Patricia Sirois le 10 septembre 2021.
Ses cheveux et sa barbe ébouriffés sont maintenant rasés. L’homme porte des lunettes et a pris du poids.
Mais lorsque questionné par son avocat, l’accusé a encore tout du militaire qu’il a été toute sa vie.
CÔTOYER LA MORT
Quand Me Pierre Gagnon lui a demandé comment il avait réagi à la vue de trois enfants tués par un obus lors de son premier de deux tours en Afghanistan, Lévesque reste froid, détaché.
« Premièrement, on s’aperçoit vite qu’il n’y a rien à faire, l’enfant est démembré », explique simplement l’accusé, ajoutant qu’à son retour au pays, il était « un petit peu affecté ».
Mais à son deuxième déploiement au Moyen-orient, les pertes sont au sein même des troupes. Et Lévesque a été confronté à la mort d’ennemis tombés sous ses propres balles.
« Ce n’est pas facile pour vous d’en parler », lui a demandé son avocat avant d’aborder ces aspects traumatiques. « Non, vraiment pas facile. » Diagnostiqué d’un trouble de stress post-traumatique à la suite de sa carrière militaire, Martin Lévesque plaide la non-responsabilité criminelle pour le meurtre au deuxième degré de Patricia Sirois.
Il admet être celui qui a tiré les six balles ayant tué la mère de famille, mais il a témoigné aux enquêteurs qu’il ne se souvenait de rien du soir du meurtre et plaide un blackout provoqué par sa maladie.
Complétant son témoignage hier matin, le psychiatre Mathieu Bilodeau a d’ailleurs admis que le scénario de « flashbacks » provoquant un épisode de dissociation était possible.
Le témoignage de Martin Lévesque se poursuivra aujourd’hui et sera suivi du contre-interrogatoire de la Couronne.