Il plaide le blackout et ne peut expliquer le meurtre
Accusé d’avoir tué sa voisine, Lévesque évoque des regrets pour la première fois « Je pense que j’étais trop malade pour m’en rendre compte. Je ne me rends pas compte « que ça ne va pas » J’ai beau faire des efforts pour m’en souvenir, je ne me souviens p
Évoquant des regrets pour la première fois depuis l’ouverture de son procès pour meurtre, Martin Lévesque a affirmé hier se demander « chaque jour qui passe » ce qui est arrivé le soir de la mort de Patricia Sirois. « Je suis tellement désolé », a-t-il lancé à la famille de la victime, insistant sur le fait qu’il ne se souvient absolument de rien.
« J’essaie de m’en souvenir tous les jours. […] De pouvoir parler à la famille et leur expliquer ce qui est arrivé. Je ne le sais pas, je ne sais pas quoi leur dire. Je suis tellement désolé », a témoigné Martin Lévesque hier.
À ce moment précis, envahie par l’émotion, la mère de Patricia Sirois a rapidement quitté la salle, retenant ses larmes.
« Je ne te pardonnerai jamais », a-t-elle envoyé à Lévesque, les dents serrées.
Questionné par son avocat sur les heures précédant le drame, Martin Lévesque a répété systématiquement qu’il n’avait aucun souvenir de ce qui s’était passé. Entre le moment où il a bu un verre de vin « en avant-midi » le 10 septembre et son souvenir suivant qui vient durant son interrogatoire de police, c’est le noir total, plaide-t-il.
« PAS LOGIQUE »
Mais Martin Lévesque se souvient des mois précédant la mort tragique de Patricia Sirois.
Inquiet par des tentatives d’introduction par effraction et un incendie inexpliqué sur son terrain, Lévesque s’est plongé dans une spirale d’hypervigilance dans l’année qui a mené au meurtre de sa voisine.
« Ce n’est pas logique ce que je faisais », a reconnu avec le recul l’ancien militaire qui est accusé de meurtre au deuxième degré.
Lévesque a été jusqu’à se confectionner une « position défensive » dans sa propre maison. Habitué de se couvrir des tirs ennemis en Afghanistan, le voilà qui était prêt à se barricader derrière des sacs de sable et de litière dans sa chambre à coucher.
« Avec du recul, il n’y a rien qui marche. Ce n’est pas logique pantoute », a reconnu l’accusé, disant ne pas comprendre pourquoi il a aussi disséminé son arsenal d’armes à feu chargées à la grandeur de la maison, notamment deux fusils d’assaut et deux armes de poing dans sa chambre.
Cette peur était telle selon Martin
Lévesque qu’il a même commencé à confectionner des « pièges maison » qu’il envisageait de disperser sur son terrain. Les policiers ont notamment saisi chez lui un dispositif à relâchement qui permettait de tirer une balle de calibre .12 lorsque quelqu’un accrochait le fil qui y était relié.
Les enquêteurs ont également retrouvé ce que l’accusé a décrit comme une « mine antipersonnel de fabrication artisanale ». Il s’agit d’une planche de bois sur laquelle sont collées des cartouches de calibre .12.
Il avait aussi installé « quatre ou cinq spots de 300 watts » pour éclairer son terrain et avait grillagé des fenêtres de son sous-sol.
CONTRE-INTERROGATOIRE DEMAIN
L’interrogatoire de Martin Lévesque s’est terminé en fin d’après-midi hier.
Son contre-interrogatoire par le procureur de la couronne Me Matthieu Rochette aura lieu demain après une journée de relâche.
L’homme a reconnu avoir tiré sur Patricia Sirois, mais il plaide la non-responsabilité criminelle en raison des impacts sur son état mental de son trouble de stress post-traumatique lié à ses déploiements en théâtre de guerre.