Le Journal de Quebec

Il avait déjà exprimé l’idée de tuer

Lévesque avait fait part de pensées homicidair­es et suicidaire­s à sa psy, mais allait mieux selon ses thérapeute­s

- PIERRE-PAUL BIRON

Même s’il a déjà verbalisé des « idées homicidair­es » en lien avec la pandémie à sa psychologu­e, Martin Lévesque allait mieux et avait atteint « le maximum des capacités de réadaptati­on psychologi­que » dans les semaines avant le drame, selon ses thérapeute­s, un portrait bien loin de celui dressé par l’accusé dans son témoignage.

C’est une note inscrite à l’un des rapports de sa psychologu­e qui a permis au jury d’apprendre que Martin Lévesque avait confessé des idées « suicidaire­s et homicidair­es » à sa thérapeute durant la pandémie.

L’homme accusé du meurtre de sa voisine Patricia Sirois a expliqué en contre-interrogat­oire hier avoir exprimé l’idée de s’en prendre au premier ministre Justin Trudeau à la suite des mesures imposées durant la pandémie. Parlant d’un homme qui avait été arrêté après avoir forcé les grillages extérieurs de Rideau Hall, à Ottawa, Martin Lévesque avait évoqué un sinistre plan.

« J’ai dit que si ça avait été moi, je serais rentré là avec un camion blindé rempli d’explosifs et je me serais fait sauter là », a raconté au tribunal l’homme de 50 ans, assurant que ces propos étaient « farfelus » et « pas réalisable­s ».

Or, la psychologu­e qui le traitait à l’époque trouvait la menace suffisamme­nt sérieuse pour « passer un pacte » avec Lévesque, lui enjoignant de ne pas passer à l’acte.

PORTRAIT DIFFÉRENT

Malgré cet incident, les notes d’experts traitant Lévesque présentées par la Couronne hier font la démonstrat­ion d’une améliorati­on importante dans l’état général de l’homme dans les semaines précédant le drame qui s’est joué le 10 septembre 2021.

« Nette améliorati­on », « humeur bonne et stable », « maximum des capacités de réadaptati­on atteint », « dort bien », « il continue de bien aller ». Le procureur de la Couronne Matthieu Rochette a tenté de dresser au jury le portrait d’un homme bien différent de l’ex-militaire troublé et hypervigil­ant, apeuré par la menace de tentatives d’introducti­on par effraction, qui a témoigné devant eux.

« À la lumière de ces informatio­ns, estce qu’on peut conclure que vous essayez d’exagérer votre peur devant le jury ? D’en mettre plus que nécessaire », l’a questionné directemen­t le procureur.

« Non », s’est contenté de répondre d’une voix faible Martin Lévesque, qui a multiplié les coups d’oeil nerveux à son avocat durant le contre-interrogat­oire du ministère public.

CONTRADICT­IONS

D’ailleurs, Me Rochette s’est affairé à soulever des contradict­ions entre les affirmatio­ns de Lévesque lors de son interrogat­oire policier ou ses rencontres avec les psychiatre­s experts et la trame de sa défense. Cette dernière est construite autour d’un « black-out » complet qui va de l’avant-midi du 10 septembre jusqu’à sa rencontre avec un enquêteur après le meurtre.

Pourtant, avec l’enquêteur au petit matin du 11 septembre, Lévesque énonce certaines choses qui laissent croire qu’il a des souvenirs. Notamment le fait que les patrouille­urs arrivés sur les lieux prenaient des notes, qu’il a été arrêté dans une autre rue que la sienne et qu’il avait clairement affirmé que ce n’est pas sa conjointe qui avait tiré.

« Mais aujourd’hui vous n’avez plus aucun souvenir », a insisté l’avocat de la couronne. « Est-ce que vous sélectionn­ez vos souvenirs, M. Lévesque ? Est-ce que c’est parce que ce serait mieux que vous ne vous en souveniez pas ? »

« Non », a encore une fois rétorqué nerveuseme­nt l’accusé, qui a admis avoir possibleme­nt réalisé le soir du meurtre qu’il venait de commettre un geste grave.

« Lors de vos interactio­ns avec les policiers, quand vous dites que vous êtes le coupable, à ce moment-là, vous le savez que vous venez de faire quelque chose de mal », lui a demandé Me Rochette.

« J’imagine que oui », a tout simplement laissé tombé Martin Lévesque.

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2. La voiture de la victime (3.) Patricia Sirois.
PHOTOS FOURNIES PAR LE TRIBUNAL ET PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK 1. Martin Lévesque lors de son interrogat­oire, le 11 septembre 2021. 2. La voiture de la victime (3.) Patricia Sirois.

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