Le Journal de Quebec

Mise à l’amende pour avoir dévoilé l’avortement d’une fillette violée

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WASHINGTON | (AFP) Une médecin américaine a été condamnée à une amende pour avoir révélé l’année dernière à la presse qu’elle avait aidé une fillette de dix ans à avorter après un viol, ont annoncé jeudi soir les autorités de l’indiana.

Le Conseil des médecins de cet État du nord des États-unis a en effet estimé que la docteure Caitlin Bernard avait trahi le secret médical en évoquant dans les médias le cas de cette enfant sans le consenteme­nt de celle-ci ou de ses tuteurs.

Après plus de dix heures d’audition, le Conseil des médecins a décidé d’infliger à la docteure Caitlin Bernard une amende de 4085 $ (3000 $ US), mais lui a permis de continuer à pratiquer la médecine, estimant qu’elle avait respecté les procédures légales liées aux violences sur mineur.

« Il s’agit dans ce dossier du secret médical et de la confiance brisée entre une médecin et sa patiente », a réagi dans un communiqué le procureur général de l’indiana Todd Rokita qui avait ouvert une enquête sur la médecin, l’accusant de ne pas avoir signalé aux autorités le dossier de la fillette, comme la loi locale l’y oblige en matière de pédophilie.

HISTOIRE TRÈS MÉDIATISÉE

L’histoire avait été très reprise dans les médias, cristallis­ant les débats houleux sur l’avortement aux États-unis.

Caitlin Bernard avait expliqué à la presse à l’été 2022 avoir reçu la petite fille à Indianapol­is, la capitale de l’indiana, après avoir été contactée par un confrère de l’ohio voisin, où une loi interdisan­t d’avorter après six semaines de grossesse était entrée automatiqu­ement en vigueur. Et ce, à la suite de l’annulation de la protection constituti­onnelle du droit à l’avortement par la Cour suprême des États-unis en juin dernier.

Or, la fillette, violée en mai, avait dépassé ce terme. Elle s’était donc rendue dans l’indiana, où les IVG étaient légales jusqu’à 21 semaines de grossesse.

Mais les responsabl­es de cet État, où les républicai­ns sont majoritair­es, sont hostiles au droit à l’avortement. Une loi interdisan­t quasi totalement les interrupti­ons volontaire­s de grossesse a ainsi été votée en août dernier, mais reste bloquée par la justice pour le moment.

« Il est important que les gens sachent ce que les patients auront à subir à cause de la loi qui est entrée en vigueur », s’est défendue la médecin devant ses pairs.

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