La maison de la dernière chance
La résidence des Oeuvres Jean Lafrance fait des miracles depuis 25 ans en venant en aide aux adolescents
Sans la maison des Oeuvres Jean Lafrance, des adolescents devenus adultes, autrefois hébergés dans cette résidence de la dernière chance à L’ancienne-lorette, se seraient probablement retrouvés à la rue ou en prison si M. Lafrance ne leur avait pas tendu la main.
Après avoir vagabondé entre familles d’accueil, centres et gîtes jeunesse, plus d’un millier de jeunes ont franchi les portes de la maison Jean Lafrance depuis sa création, il y a 25 ans.
Pour la plupart d’entre eux, leur passage auprès de M. Lafrance aura été salvateur.
C’est le cas, notamment, de Sébastien Duchesneau, aujourd’hui âgé de 41 ans. « Je me suis ramassé ici parce qu’on ne pouvait plus me gérer ailleurs. Le message qu’on m’envoyait [...] c’était la tombe ou la prison. Si ça n’avait été de la maison, je ne sais pas si je serais ici pour t’en parler », lance-t-il, ému de se retrouver entre les murs qui lui ont « sauvé la vie ».
« MANIPULATEUR ET CONSOMMATEUR »
L’homme qui occupe aujourd’hui les fonctions de coordonnateur du service sécurité à l’aéroport Jean-lesage de Québec ne mâche pas ses mots en parlant de celui qu’il était à l’aube de la majorité, lorsqu’il a amorcé son séjour, qui aura duré trois ans.
« J’étais un vrai délinquant, un violent, un agressif, un manipulateur et un consommateur », dit-il. Il y est ensuite devenu éducateur pendant 15 ans.
Le son de cloche est le même pour Tyler Mills, ancien délinquant âgé aujourd’hui de 28 ans, qui s’estime chanceux d’avoir croisé Jean Lafrance, un homme qu’il considère comme le père qu’il n’a pas eu.
Âgé de 14 ans lorsqu’il a posé ses sacs à la maison, M. Mills, qui arrivait du centre jeunesse d’où il avait l’habitude de fuguer, admet qu’il n’entrevoyait « pas grandchose » pour son avenir.
DÉCOUVRIR C’EST QUOI, UNE FAMILLE
« Aujourd’hui, je suis sorti de tout ça, j’ai une famille et tout va bien [...] », dit-il, sourire aux lèvres. « C’est ici que j’ai découvert c’était quoi avoir une famille, avoir un papa [...] que j’ai trouvé c’était quoi l’amour, avoir des amis et des rêves », poursuit-il.
Son ancien « coloc » Alexandre Gobeil, âgé de 25 ans, qui ne l’a pas eu facile en raison des importants problèmes de consommation de ses parents, soutient que sa vie « a été complètement changée » après son passage à la maison. « J’y ai trouvé beaucoup d’outils pour naviguer la vie », dit-il.
Comme ses confrères, il revient souvent à la maison, le temps de partager un souper avec les plus jeunes ou pour prendre des nouvelles de Jean, qui demeure un mentor et un père pour la plupart d’entre eux.