L’homme qui a donné sa vie pour aider les jeunes
Âgé de 77 ans, Jean Lafrance a donné sa vie pour aider les autres. Depuis l’ouverture de sa maison il y a 25 ans, il a soutenu plus d’un millier d’adolescents.
Prêtre de profession, alors qu’il a été ordonné à Québec en 1977, M. Lafrance a notamment oeuvré dans les paroisses de Saint-mathieu, à Sainte-foy, et à Sainte-monique, dans le quartier Les Saules.
DE PRÊTRE À AUMÔNIER
Puis, en 1991, il est embauché à titre d’aumônier au Centre jeunesse de Québec (autrefois appelé Centre jeunesse de Tilly). « Ç’a été pour moi une révélation. Je trouvais qu’il leur manquait quelque chose à ces jeunes-là quand ils sortaient de là. Ça leur prenait une maison paternelle », raconte-t-il.
C’est finalement en 1998 que la maison a vu le jour. Depuis, M. Lafrance a soutenu plus d’un millier d’adolescents, une clientèle en qui il « a trouvé sa mission ».
En effet, l’amour que porte M. Lafrance pour « ses jeunes » est palpable. « Je suis un gars heureux, comblé par la vie », répond celui qui les prend sous son aile, dans le but de les « outiller pour la vie ».
Il a même adopté l’un d’entre eux, il y a quelques années, à sa demande. « On ne s’imagine pas ce que ces jeunes ont vécu, c’est terrible », décrit-il.
OBLIGATIONS
Chaque semaine, les jeunes locataires doivent obligatoirement participer à deux cours de karaté, en plus du « mercredi de la famille », où tout le monde se rejoint à la cuisine en soirée. Tous les jeunes contribuent aussi à la confection des repas, à tour de rôle. M. Lafrance organise également plusieurs voyages à l’étranger, dans des pays défavorisés, pour « sensibiliser » ses jeunes « à la chance qu’ils ont ».
Aujourd’hui, neuf adolescents vivent entre les murs de la maison, après avoir fait face à différentes difficultés. « Il y a autant d’histoires que de personnes. Mais il y a beaucoup d’abandons, beaucoup d’histoires de violences ou encore des histoires de parents qui ne peuvent plus s’en occuper en raison de la consommation », détaille-t-il.
Le Journal a d’ailleurs pu rencontrer quelques-uns de ces jeunes, qui vivent ensemble « comme une famille », disent-ils.
Le cadet de la maison, Rocky, 14 ans, raconte, entre autres, être arrivé il y a près de sept mois, en raison de cas de « violence dans la maison ». « Ma TS [travailleuse sociale] est venue me chercher de force, parce que je ne voulais pas partir. De mon point de vue, c’était normal ce qui se passait », explique l’adolescent avec aplomb, du haut de ses 14 ans.
« Je suis arrivé ici parce que chez nous, ça n’allait pas très bien, on a eu beaucoup de conflits », explique de son côté Antoine, 19 ans, qui a aussi déménagé plusieurs fois.