Dans le rouge jusqu’en 2030 : fini les cadeaux de Legault
Le retour à l’équilibre budgétaire sera repoussé jusqu’en 2030, les ministères autres que ceux de la Santé et de l’éducation seront soumis à un régime très serré, et François Legault sait qu’il ne pourra probablement plus faire de cadeaux aux Québécois.
Le prochain budget et les subséquents du second mandat caquiste n’auront plus une saveur de bonbon.
François Legault ne pourra utiliser son arme de séduction massive de prédilection.
Depuis l’élection de 2018, il a pu distribuer à un rythme régulier les mesures de réduction du fardeau fiscal des Québécois.
Tout y est passé, de la baisse de taxe scolaire à l’augmentation de l’allocation familiale, en passant par le crédit d’impôt de 2000 $ aux aînés et autres chèques ponctuels et baisses d’impôt.
Tout ça a permis au chef caquiste de surfer sur un tsunami d’appuis et de remporter 90 sièges en 2022.
Cette époque est révolue.
Dans les officines, on sait qu’il faudra dorénavant convaincre les Québécois en offrant un bon gouvernement. C’est moins sexy.
GROS DÉFICIT
En plein dimanche, flanqué de la présidente du Conseil du trésor et du ministre de l’éducation, François Legault a préparé les esprits : le prochain budget d’eric Girard sera « largement déficitaire ».
Il a ainsi détourné l’objectif de l’exercice, qui devait être de révéler les gains arrachés lors de la douloureuse négociation de l’automne pour améliorer la situation dans les écoles.
Il y en a eu, mais ils ont été occultés par le sombre message du PM.
Sonia Lebel commence à être habituée à recevoir de coups dans les jambes de la part de ses collègues.
Figure de l’aile fédéraliste de la CAQ, elle sortira de son mandat à tout le moins avec les tibias bleutés.
Passons.
DES MILLIARDS À TROUVER
Le ministre des Finances avait prévu un ajout de 4,6 G$ à la masse salariale des employés de l’état.
Après avoir dynamité sa cote de popularité à coups de controverses, la CAQ s’est retrouvée sans rapport de force et a conclu les ententes en balançant 7 milliards de plus.
Qu’il faudra trouver d’ici cinq ans.
On admet au gouvernement que jamais on n’avait pensé devoir en arriver là.
Dans le rouge après la pandémie, Girard misait sur un déficit de 4 milliards pour l’année en cours, avec une réduction graduelle d’un milliard par année pour atteindre le déficit zéro en 2027-2028.
Selon nos informations, la cible sera repoussée à 2030.
Déjà, le document budgétaire du printemps 2023 révélait que l’augmentation des dépenses de l’état serait moindre à partir de 2024-2025. Et ce sera plus serré qu’escompté.
Le mot a été passé à l’interne, outre les ministères de la Santé et de l’éducation, les autres devront faire des efforts.
François Legault martèle qu’il n’y aura pas d’austérité, les hausses de plusieurs portefeuilles seront néanmoins minimes.
Il n’a pas d’autres options.
La CAQ refuse de sacrifier davantage les versements au Fonds des générations, dont une partie est consacrée à la récente baisse d’impôt.
Il n’est pas question non plus de hausser le fardeau fiscal des citoyens.
Dans ce contexte de pain sec, on comprend François Legault d’aboyer fort pour qu’ottawa assume la facture des demandeurs d’asile.
Dimanche dernier, il a insisté : les augmentations consenties aux profs et autres syndiqués auront des conséquences financières.
« On a fait ce choix pour le bien de la nation », a dit le chef caquiste.
On sentait que ça lui faisait mal au coeur. Il devait penser à sa marge évaporée, qui aurait permis de faire des beaux yeux à l’électorat avant 2026.