Un robot conversationnel controversé à la TÉLUQ
L’intelligence artificielle utilisée dans le cadre d’un projet pilote « inédit »
L’utilisation d’un robot conversationnel pouvant répondre aux questions d’étudiants suscite la controverse à la TÉLUQ. Alors que l’établissement universitaire affirme innover en ayant recours à l’intelligence artificielle de façon encadrée, le syndicat représentant les tuteurs « s’insurge » contre ce projet-pilote « inédit » qui représente une « menace » pour la qualité de l’enseignement.
Il s’agirait d’une première dans le réseau universitaire québécois : depuis le début de la session d’hiver, un « prototype de robot conversationnel » a été mis à la disposition des étudiants dans quatre cours, dans le cadre d’un projet-pilote de la TÉLUQ.
EXPÉRIMENTATION
Ce robot, qui a été « entraîné à partir du matériel pédagogique » de chacun des cours, « répondra rapidement et en tout temps à des outils de compréhension sur les contenus pédagogiques du cours », peut-on lire dans un bulletin interne de l’établissement.
Dans trois autres cours, deux « applications d’apprentissage » alimentées par l’intelligence artificielle seront utilisées pour générer des questions d’exercices, « adaptées au profil de chaque étudiant ».
La TÉLUQ a voulu mener cette « expérimentation », dans le contexte où la population a maintenant accès à ces robots conversationnels depuis l’apparition de CHATGPT, il y a maintenant plus d’un an.
« Ces outils-là existent et comme institution, on a la responsabilité d’offrir un environnement le plus sécuritaire possible et de guider les étudiants dans cette utilisation », affirme le directeur de l’enseignement et de la recherche, Marc-andré Carle.
Il s’agit d’un « outil » supplémentaire, comme Excel ou d’autres langages informatiques déjà utilisés dans certains cours, ajoute M. Carle. « Il n’est pas question que ça remplace le travail des professeurs ou des personnes tutrices », précise-t-il.
« LE LOUP DANS LA BERGERIE »
De son côté, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSQ), qui représente aussi les tuteurs de la TÉLUQ, s’oppose à toute utilisation de l’intelligence artificielle « pour remplacer l’humain », ce qui est le cas ici puisque les robots interviennent dans un contexte de relation pédagogique, explique-t-on.
Même si l’intelligence artificielle n’a pas fait disparaître les tuteurs dans ces cours, cette expérimentation fait craindre le pire dans un contexte de « manque flagrant de financement et de grande compétition entre les universités », affirme sa présidente, Caroline Quesnel. « C’est le loup dans la bergerie », lance-t-elle.
Le son de cloche est le même du côté du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la TÉLUQ. « C’est une boîte de Pandore. On n’est pas contre le changement et l’utilisation des outils technologiques, mais pas au détriment de l’humain et de la qualité des diplômes », affirme sa présidente, Nathalie Ebnoether.
Il est par ailleurs encore trop tôt pour se prononcer sur les impacts pour les étudiants d’avoir recours à l’intelligence artificielle dans le contexte d’un cours, indique la TÉLUQ.
« C’EST UNE BOÎTE DE PANDORE. ON N’EST PAS CONTRE LE CHANGEMENT ET L’UTILISATION DES OUTILS TECHNOLOGIQUES, MAIS PAS AU DÉTRIMENT DE L’HUMAIN ET DE LA QUALITÉ DES DIPLÔMES »
– Nathalie Ebnoether, présidente du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la TÉLUQ