« C’est presque une blague »
Des spécialistes en mobilité ont émis des doutes et des bémols quant à l’intérêt et à la pertinence de la consultation sur la mobilité lancée hier par le gouvernement du Québec.
Pour Marie-hélène Vandersmissen, professeure et vice-doyenne au département de géographie de l’université Laval (UL), le simple fait qu’une même personne puisse remplir le questionnaire à plusieurs reprises, « démontre l’absence totale de rigueur associée à cette consultation. Aucune conclusion ne pourra être tirée de cela. C’est presque une blague. Un bon exemple pour nos étudiants de ce qu’il ne faut pas faire ».
De son côté, Emiliano Scanu, professeur adjoint en sciences sociales au Département de sociologie de L’UL et expert en transport et mobilité durable, s’est demandé « quelle est l’utilité d’une telle consultation si l’on est en attente de l’étude de la CDPQ Infra sur le tramway et le troisième lien ».
Ce dernier s’est interrogé sur « l’utilité pratique » de la consultation : « Dans quelle mesure et comment les résultats seront-ils utilisés par les décideurs ? Cela devrait être indiqué dans la consultation.
En matière de transport à Québec, le gouvernement a montré clairement ne pas baser ses décisions sur la science ou sur des données probantes, mais exclusivement sur des priorités politiques, voire électoralistes. »
Fanny Tremblay-racicot, professeure agrégée à l’école nationale d’administration publique (ENAP), y est également allée de ses bémols.
« Cette “consultation” est un exemple de plus qui témoigne du problème de planification des projets de transport à Québec. On demande aux citoyens s’ils sont d’avis que tel ou tel projet va améliorer la mobilité, alors que c’est une question de faits, et non pas d’opinion », a-t-elle laissé tomber.
DÉMARCHE « INTÉRESSANTE »
Spécialiste des méthodes de sondage, Claire Durand, professeure à l’université de Montréal, n’a pas rejeté la consultation du revers de la main.
L’experte a même estimé que la combinaison de la consultation et du futur sondage de la firme SOM peut être « intéressante à condition qu’on la présente pour ce qu’elle est. C’est-à-dire qu’il ne faut pas en tirer de grandes conclusions pour dire “la population veut ci ou la population veut ça” ».