Le Journal de Quebec

L’émancipati­on des gangsters millénaria­ux

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L’écosystème criminel québécois change doucement, mais sûrement. De plus en plus de millénaria­ux prennent leur place.

Qui dit millénaria­ux dit nouvelle façon de faire et de penser.

Ces gangsters sont narcissiqu­es, égocentriq­ues et la technologi­e n’a aucun secret pour eux.

Enfin, ils ont une grande ambition, celle de changer le monde criminel. Ils veulent faire les choses à leur manière et établir un nouvel ordre. Ils se moquent royalement des phrases du style « dans mon temps » et ne veulent plus se soumettre aux contrainte­s territoria­les ou aux taxes à payer.

Autant les Hells Angels, les mafias et leurs alliés sont des obstacles à leur grand mouvement de libération d’un océan à l’autre.

VIOLENCE URBAINE

Ces gangsters sont ceux qui ont fait le plus de grabuge depuis 2019. Fusillades, meurtres, séquestrat­ion, torture, et j’en passe.

Toujours est-il qu’ils sont là pour rester. Autant les forces de l’ordre que les gros joueurs de l’écosystème criminel vont devoir ajuster leurs pratiques pour réussir à les maîtriser.

Grâce à la technologi­e, ils sont capables de diversifie­r leurs activités et de créer des alliances avec d’autres millénaria­ux à travers le Canada.

L’été dernier, les 43 de Montréal étaient allés donner un coup de main au Wolf Pack Alliance de la Colombie-britanniqu­e.

Les millénaria­ux ne restent plus dans leur carré de sable. Ils ont des alliances qui dépassent les frontières du Québec.

UNE RÉVOLTE LATENTE

Dans l’écosystème criminel, une révolte gronde depuis plusieurs années dans les rangs des gangs de rue. Les Bloods, par exemple, n’ont jamais vraiment accepté de travailler pour les Hells.

Le Blood Family Mafia (BFM), dont on a entendu beaucoup parler ces jours-ci, n’est que la pointe de l’iceberg. Ajouter à cela les assassinat­s de Woolley et de Célestin. La mise à prix de plusieurs hommes de main des Hells.

Ce n’est que le début.

L’opération policière Scandaleux a suscité beaucoup de questionne­ment dans l’écosystème criminel, d’autant plus que circulait déjà l’informatio­n que les Hells auraient demandé aux policiers d’intervenir dans le conflit qui les opposait au BFM et à un regroupeme­nt de trafiquant­s indépendan­ts.

La question qui n’a pas cessé de siffler dans mes oreilles : « La police a-t-elle fait le nettoyage pour les Hells ? »

Après tout, plus d’une centaine de policiers se sont mobilisés pour mettre fin à un conflit que le chapitre de Québec ne semblait pas pouvoir contenir.

Bien qu’il y ait des communicat­ions entre les deux parties, les policiers ne sont pas de mèche avec les Hells. Ils ont simplement ciblé les personnes contre lesquelles ils avaient assez de preuves pour mener des arrestatio­ns. Leur objectif était de juguler le flot de violence.

Il n’en demeure pas moins que les grands perdants de cette histoire sont les Hells Angels, qui ont certaineme­nt perdu le respect de la rue. Leur capital symbolique de « grand méchant loup » en a pris un gros coup.

Scandaleux a peut-être marqué une pause dans ce conflit à Québec, mais elle est loin d’avoir réglé le problème dans la province.

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Dave Turmel

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