LE DÉPUTÉ SOL ZANETTI ESPÈRE SIÉGER JUSQU'À L'INDÉPENDANCE DU QUÉBEC
Il y a plusieurs années, avant de devenir candidat à une élection, Sol Zanetti avait l’habitude de dire qu’il aimerait demeurer élu jusqu’à l’indépendance du Québec. Si bien des gens rigolaient de son ambition, cette option revient sur le radar, et le député solidaire y croit.
Le député de Jean-lesage, qui était professeur de philosophie avant d’être élu en 2018, est depuis longtemps un indépendantiste convaincu.
Lors d’une précédente entrevue, il m’avait remis un exemplaire de son ouvrage Le Livre qui fait dire oui.
Il l’avait écrit alors qu’il était impliqué dans Option nationale, parti fondé par Jean-martin Aussant et qu’il a dirigé durant quatre ans.
Il y explique les effets, dans un Québec moderne, de l’autodétermination sur différents aspects de notre vie collective.
L’ouvrage a été distribué à plus de 45 000 exemplaires.
Il continue de le distribuer quand il rencontre des jeunes, par exemple, pour leur jaser d’indépendance.
Il a présenté récemment sa
72e conférence sur le sujet, à l’université Laval.
« Je fais le décompte », dit-il, se promettant de souligner la 100e de manière spéciale.
L’UNION FAIT LA FORCE
Si la tendance se maintient, se réjouit Sol Zanetti, on est « à deux ans et demi d’une élection préréférendaire. Quand on regarde ça, deux partis souverainistes s’engagent à faire un référendum dans un premier mandat, donc ce sera ça, le sujet », dit celui qui voit son engagement politique non pas comme une carrière, mais comme une mission.
Comme chef d’option nationale, il avait consenti à fusionner avec Québec solidaire. Il avait aussi participé à des discussions avec le Parti Québécois, à l’époque.
« L’ADN des partis, c’est d’être en confrontation les uns avec les autres, donc c’est super contre-intuitif de les faire jaser. Mais je pense que ça pourrait arriver [une fusion des partis souverainistes] le jour où dans la société civile et chez les militants concernés, il y a un mouvement qui pousse vers ça […] et qu’ils vont trouver que l’enjeu est assez pressant. »
RACINES ITALIENNES
Né à Sainte-foy, dans un bungalow, précise-t-il, Sol Zanetti a aussi toute une famille italienne qui vit dans le nord de l’italie, près de Trente.
Il ne parle pas l’italien parfaitement et sans accent, mais s’est fait un devoir de l’apprendre à 12 ans, avec des cassettes et des livres.
Charmé par les gens, tout comme par le décor de montagnes, les paysages de dolomites, il retourne y faire son tour « aux quelques années ».
Son père est pour sa part arrivé au
Québec dans les années 60, donc plusieurs années avant sa naissance.
Plus jeune, Sol Zanetti a d’abord pensé devenir journaliste. Mais il a rapidement été attiré par la philosophie.
Détenteur d’un baccalauréat et d’une maîtrise en philosophie, il a enseigné pendant plusieurs années au Campus Notre-dame-de-foy.
À part durant les périodes intenses de correction, l’enseignement lui manque parfois.
« Quand tu es prof de philo, tu pars souvent avec deux prises, dit-il, parce que le monde se dit : “Ah, je ne vais pas aimer ça”. C’est un peu abstrait, on ne sait pas trop c’est quoi, on sait juste que plein de monde n’aime pas ça. »
Mais il se faisait un devoir d’aller chercher les jeunes selon leur domaine d’études, leurs champs d’intérêt.
« J’essayais d’avoir une approche vraiment très concrète et de penser à Socrate […], sur la place publique avec les vendeurs de casseroles et de légumes et tout ça. Je me disais : “Il faut lancer les étudiants dans l’action, les faire plonger dedans en leur posant des questions qui les intéressent beaucoup”. »
LE PRIVILÈGE D’UN ÉLU
Le prof en lui appréciait grandement les échanges « avec les étudiants éveillés, intéressés et de bonne foi », l’ambiance où on n’était pas dans la bataille mais dans la recherche commune de la vérité, observe-t-il.
« Ce n’est pas toujours ça qu’on voit au parlement », dit-il.
« Je pense que tout le monde philosophe au parlement, dans le sens qu’ils se posent des questions, mais une fois qu’ils ont décidé c’étaient quoi leurs positions, c’est de la confrontation, personne ne convainc personne d’autre. »
Si Sol Zanetti a sauté dans cette arène politique, justement, c’est qu’il pense pouvoir faire avancer les idées et susciter des réflexions. « Pas nécessairement auprès des gens qui sont en face, dans le gouvernement », précise-t-il.
Il considère comme un privilège cette possibilité de mettre des propositions au jeu, de faire évoluer le débat public. « Ça nous repousse aussi dans notre esprit collectif, ça repousse ce qui est possible », dit-il.
DE NOMBREUX DÉFIS
Père d’une fillette de trois ans, le député goûte à la conciliation travailfamille, une notion « magnifique, difficile et stressante » en politique, exprime-t-il.
Sa conjointe est comédienne, et leurs horaires sont donc tous deux atypiques.
Lors des discussions sur le projet de loi 15 sur la réforme en santé, où les débats se sont poursuivis durant la nuit, il a installé sa petite dans son bureau. Il a monté une petite tente pour elle, avec des petites lumières.
« Elle a trippé, il faut essayer de mettre de la magie là-dedans », raconte-t-il.
Il s’efforce de garder un certain équilibre alors que la politique est « super aliénante ».
« Tu dois te dire : “Il faut que je me donne le plus possible, mais il faut aussi que je reste un être humain équilibré, pour bien représenter les gens” [...] Et si tu n’es plus ça, tu n’es plus toi-même, et qu’est-ce que tu vas faire de bon dans un parlement ? Tu n’as plus de repères. »