Le pape François a lui-même écrit à l’ancien magistrat André Denis
Le pape François a mandaté un juge à la retraite de la Cour supérieure du Québec pour enquêter sur les allégations d’agression sexuelle dont fait l’objet le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, mais déjà la démarche se heurte à un obstacle majeur.
Le média Présence – information religieuse a révélé que le pape, dans une lettre signée de sa main, avait demandé à l’ex-juge André Denis d’enquêter « sur les faits, les circonstances et l’imputabilité du délit allégué ».
Le nom du plus haut dirigeant de l’église catholique au Canada est apparu le 25 janvier dernier dans des documents judiciaires en lien avec une action collective contre le diocèse de Québec.
Une femme lui reproche des attouchements en 1987 et en 1988 alors qu’elle avait 17 ans.
Le Journal a pu prendre connaissance de la lettre. « Afin de donner suite à ce signalement effectué dans le cadre particulier d’une action collective au Québec, et considérant la nécessité de conduire une enquête portant sur les faits, les circonstances et l’imputabilité du délit allégué, je vous nomme enquêteur […]. À la fin de cette enquête, vous aurez soin de me produire un rapport détaillé de vos démarches et de vos conclusions », écrit le pape François.
ÉTONNEMENT
« Lorsqu’il y a des allégations de nature sexuelle sur un évêque ou un cardinal, cela relève directement du Vatican. Le pape peut décider de faire une enquête préliminaire », a expliqué à TVA Nouvelles Alain Pronkin, auteur et spécialiste de l’actualité religieuse.
Ce dernier ne cache pas cependant son étonnement face au caractère de l’annonce. « C’est la première fois que je vois qu’une enquête de cette ampleur est publique et qu’il y a un mandat signé par le pape. Ça me surprend. »
UN ÉCUEIL
André Denis a travaillé à la Cour supérieure du Québec de 1991 à 2015. Depuis sa retraite, il a mené plusieurs enquêtes sur le personnel de l’église.
La démarche de l’église catholique fait cependant déjà face à un problème.
Me Alain Arsenault, l’avocat de la victime alléguée, a indiqué à M. Denis que sa cliente ne désirait pas participer à l’enquête.
« Nos clients se questionnent fortement sur les motivations réelles de l’église dans leur gestion de dossier d’agressions sexuelles. Le lien de confiance est donc inexistant à l’heure actuelle », a ajouté l’avocat.
L’ex-juge Denis invite toute personne ayant des informations sur le sujet à communiquer avec lui au courriel j.andredenis@icloud.com.