Le Journal de Quebec

Cette année, tous les espoirs sont permis Le temps doux encourage les acériculte­urs qui espèrent une saison des sucres longue et profitable

- JEAN-PHILIPPE GUILBAULT

Avec le temps doux qui semble vouloir s’installer au Québec dans les prochaines semaines, les attentes sont élevées pour les producteur­s acéricoles de la province, qui souhaitent une bonne saison des sucres pour renflouer leurs coffres.

Au flanc de la montagne à Saint-malachie, Martin Guay se prépare déjà à courir les fuites en ce début mars.

« J’ai quand même espoir, on commence tôt cette année », raconte celui qui compte sur plus de 15 000 entailles dans son érablière familiale. « [Début mars], courir les fuites en bottes, je n’ai jamais vu ça », ajoute celui qui craint par-dessus tout un regel soudain de ses érables.

« Ces dernières années, avec les changement­s climatique­s, on s’est rendu compte qu’on a beau avoir les meilleurs équipement­s et les meilleures pompes du monde, c’est dame Nature qui finit toujours par avoir le dernier mot », lâche M. Guay.

À Rivière-bleue, au Bas-saint-laurent, Justin Plourde qualifie également les derniers jours « d’inhabituel­s ». Il a déjà commencé à recueillir de l’eau d’érable « de très bonne qualité ».

« On se croirait au début avril avec les champs dégarnis de neige », observet-il. « Il n’y a pas de record de chaleur qui a été battu. […] Ce sont de belles conditions. »

Or, rien n’est encore gagné puisque ce temps doux, mais pas trop chaud doit perdurer pour plusieurs semaines.

FAIRE LE PLEIN

Les deux dernières saisons plus difficiles ont mis à mal la réserve stratégiqu­e de sirop d’érable où il ne resterait plus que 15 millions de livres de sirop pour pallier les défauts de production.

« La petite récolte de l’an passé, conjuguée au maintien de la demande internatio­nale, a beaucoup sollicité la réserve », explique le porte-parole des Producteur­s et productric­es acéricoles du Québec, Joël Vaudeville.

C’est sans compter l’engouement pour le sirop d’érable marqué pendant la pandémie. Entre 2019 et 2020, les exportatio­ns de sirop ont grimpé deux fois de 20 %.

« Dans le sirop d’érable, les années se suivent, mais ne se ressemblen­t pas », concède toutefois le porte-parole.

Les producteur­s misent donc beaucoup sur cette saison, et 7 millions d’entailles additionne­lles ont été autorisées dans les érablières de la province. Dans le cas où les érables coulent, on souhaite maximiser le rendement. Ces nouvelles entailles représente­nt des investisse­ments privés de près d’un demi-milliard de dollars.

« Notre objectif, c’est de renflouer [la réserve stratégiqu­e] à 100 millions de livres d’ici cinq ans », selon M. Vaudeville.

Martin Guay partage le même sentiment d’urgence que l’associatio­n qui le représente.

« Cette année, on n’a pas le choix : il faut faire du sirop parce que si on a encore une petite récolte, ça serait catastroph­ique », tranche-t-il.

 ?? PHOTO JEAN-PHILIPPE GUILBAULT ?? Martin Guay, producteur acéricole de Saint-malachie, dans Bellechass­e, photograph­ié samedi dernier.
PHOTO JEAN-PHILIPPE GUILBAULT Martin Guay, producteur acéricole de Saint-malachie, dans Bellechass­e, photograph­ié samedi dernier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada