Cette année, tous les espoirs sont permis Le temps doux encourage les acériculteurs qui espèrent une saison des sucres longue et profitable
Avec le temps doux qui semble vouloir s’installer au Québec dans les prochaines semaines, les attentes sont élevées pour les producteurs acéricoles de la province, qui souhaitent une bonne saison des sucres pour renflouer leurs coffres.
Au flanc de la montagne à Saint-malachie, Martin Guay se prépare déjà à courir les fuites en ce début mars.
« J’ai quand même espoir, on commence tôt cette année », raconte celui qui compte sur plus de 15 000 entailles dans son érablière familiale. « [Début mars], courir les fuites en bottes, je n’ai jamais vu ça », ajoute celui qui craint par-dessus tout un regel soudain de ses érables.
« Ces dernières années, avec les changements climatiques, on s’est rendu compte qu’on a beau avoir les meilleurs équipements et les meilleures pompes du monde, c’est dame Nature qui finit toujours par avoir le dernier mot », lâche M. Guay.
À Rivière-bleue, au Bas-saint-laurent, Justin Plourde qualifie également les derniers jours « d’inhabituels ». Il a déjà commencé à recueillir de l’eau d’érable « de très bonne qualité ».
« On se croirait au début avril avec les champs dégarnis de neige », observet-il. « Il n’y a pas de record de chaleur qui a été battu. […] Ce sont de belles conditions. »
Or, rien n’est encore gagné puisque ce temps doux, mais pas trop chaud doit perdurer pour plusieurs semaines.
FAIRE LE PLEIN
Les deux dernières saisons plus difficiles ont mis à mal la réserve stratégique de sirop d’érable où il ne resterait plus que 15 millions de livres de sirop pour pallier les défauts de production.
« La petite récolte de l’an passé, conjuguée au maintien de la demande internationale, a beaucoup sollicité la réserve », explique le porte-parole des Producteurs et productrices acéricoles du Québec, Joël Vaudeville.
C’est sans compter l’engouement pour le sirop d’érable marqué pendant la pandémie. Entre 2019 et 2020, les exportations de sirop ont grimpé deux fois de 20 %.
« Dans le sirop d’érable, les années se suivent, mais ne se ressemblent pas », concède toutefois le porte-parole.
Les producteurs misent donc beaucoup sur cette saison, et 7 millions d’entailles additionnelles ont été autorisées dans les érablières de la province. Dans le cas où les érables coulent, on souhaite maximiser le rendement. Ces nouvelles entailles représentent des investissements privés de près d’un demi-milliard de dollars.
« Notre objectif, c’est de renflouer [la réserve stratégique] à 100 millions de livres d’ici cinq ans », selon M. Vaudeville.
Martin Guay partage le même sentiment d’urgence que l’association qui le représente.
« Cette année, on n’a pas le choix : il faut faire du sirop parce que si on a encore une petite récolte, ça serait catastrophique », tranche-t-il.