Le Journal de Quebec

Les règles sur l’affichage en français ridiculisé­es à la CBC

Plusieurs appellent à la fin du Québec-ridiculing, une forme de Québec-bashing

- GABRIEL CÔTÉ

Le Québec-ridiculing doit cesser, selon le président d’une firme de marketing de Toronto, choqué par un reportage de la CBC qui suggère que les règlements sur l’affichage en français sont absurdes. « Ce n’est pas juste du Québec-ridiculing, c’est carrément du Québec-bashing ! », s’insurge le mouvement Impératif français.

« Quand la vie te donne des citrons, fais de la limonade. » C’est le message qu’éric Blais, président de la boîte Headspace Marketing à Toronto, essaie de faire comprendre chaque jour aux « décideurs du Canada anglais qui font des affaires au Québec ».

De fait, plusieurs d’entre eux sont inquiets, car toutes les entreprise­s devront s’assurer qu’il y a deux fois plus de français que toute autre langue sur leurs enseignes, d’ici juin 2025, en vertu d’un projet de règlement présenté en début d’année.

« C’est sûr que c’est contraigna­nt, comme n’importe quel nouveau règlement », admet le mercaticie­n. « Mais c’est aussi une superbe opportunit­é d’affaires. »

Or, remarque M. Blais, il est un peu plus difficile de faire passer ce message ces jours-ci, en raison d’une ambiance de Québec-ridiculing qui « entretient la confusion et l’incertitud­e » à propos des exigences auxquelles devront bientôt se conformer les commerçant­s.

Le spécialist­e en marketing cite en exemple un reportage de la CBC qui présente, entre autres choses, de quoi auraient l’air certains commerces (Canadian Tire, Subway, Costco, Dollarama) s’ils appliquaie­nt strictemen­t les modèles présentés en exemple dans les infographi­es produites par le gouverneme­nt.

UN TON QUI N’AIDE PAS

Sur un petit air de jazz, on voit alors apparaître d’énormes mots français (magasin, restaurant, entrepôt) par-dessus l’enseigne de certaines entreprise­s, le tout avec un effet sonore qui donne à l’ensemble un aspect plutôt rigolo.

« Il y a comme un petit ton qui insinue que c’est ridicule, et ça n’aide vraiment pas », souffle Éric Blais, tout en précisant qu’il « ne défend pas la loi ni le gouverneme­nt », qui devrait selon lui donner des lignes directrice­s plus claires aux entreprise­s.

C’était justement le point du reportage, s’est défendu la CBC dans une déclaratio­n écrite.

« Le but de notre histoire était de montrer la confusion apparente autour de la loi et le manque de clarté en regard de cet enjeu », a fait valoir un porte-parole dans un courriel, en anglais.

Le président du mouvement Impératif français, Jean-paul Perreault, voit ce reportage d’un autre oeil.

« C’est de la francophob­ie, c’est de l’extrémisme […] ! », s’est-il indigné en entrevue.

INTERPRÉTA­TION MYOPE

Sans aller jusque-là, M. Blais souligne que l’idée erronée qu’il faudra écrire le mot « magasin » partout fait son chemin chez les gens d’affaires. « Tout le monde accroche là-dessus […]. Mais cette interpréta­tion est un peu myope », plaide le président de la firme torontoise, en rappelant que c’est la présence globale du français sur les affichages permanents et visibles qui devra prédominer.

« En réalité, c’est une opportunit­é pour les commerçant­s de renforcer la valeur de leur marque et de se distinguer de la concurrenc­e, par exemple avec l’ajout d’un slogan », explique-t-il.

« On dépense des fortunes en publicité pour montrer ce qu’on a à offrir, et pourtant, on a déjà des murs qui pourraient très bien servir à le faire ! Ça pourrait nécessiter des ajustement­s dans les règlements municipaux ou des centres commerciau­x, mais ça reste une voie plus réaliste pour se plier à la législatio­n. »

« Au bout du compte, il y aura des entreprene­urs qui vont voir l’opportunit­é d’affaires et qui vont se conformer de bon coeur. D’autres vont le faire en reculant, et puis d’autres ne le feront pas et seront mis à l’amende », conclut M. Blais.

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CAPTURE D’ÉCRAN, CBC NEWS Un reportage récent du réseau anglais de Radio-canada tourne en dérision les nouvelles exigences sur l’affichage en français, qui seront en vigueur l’an prochain.
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ÉRIC BLAIS Expert en marketing

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