De l’oxycontin comme en pharmacie Un trafiquant aurait cherché à imiter la bouteille et les comprimés de l’antidouleur pour maximiser ses profits
Un trafiquant montréalais aurait voulu révolutionner la vente d’oxycontin sur le marché noir en tentant de recréer un produit ressemblant à l’opioïde disponible en pharmacie.
William Della Serra, 50 ans, a été arrêté à la mi-février dans le cadre d’une vaste opération antidrogue dans la grande région de Montréal.
Opioïdes, cocaïne, cannabis : la preuve entendue lors de sa récente enquête sur remise en liberté a permis de lever le voile sur le trafic illicite dans lequel aurait trempé celui qui a été victime d’une tentative de meurtre en pleine rue en octobre dernier.
Della Serra aurait empoché plus de 55 000 $ par mois grâce à ses activités, selon des documents saisis chez lui lors d’une perquisition menée par la Sûreté du Québec en avril 2023.
« C’est du trafic de drogue faramineux, à grande échelle. Della Serra est un approvisionneur », a résumé le procureur de la Couronne, Me Patrick Cardinal, récemment au palais de justice de Montréal.
TÉLÉPHONE QUI PARLE
Ces estimations ont pu être recoupées par les nombreuses conversations retrouvées dans l’iphone de l’accusé, décrit comme « une véritable mine d’or en matière de trafic de stupéfiants » par la Couronne.
Della Serra aurait notamment eu comme but de recréer à la perfection une bouteille d’oxycontin, un médicament antidouleur de la famille des opioïdes vendu en pharmacie, comme en témoignent des images qu’il aurait envoyées à des contacts.
À l’été 2022, il aurait réimprimé toutes les étiquettes, car le bleu n’était pas identique à l’original et une faute de frappe s’y était glissée.
Puis, en janvier 2023, l’accusé aurait tenté de reproduire la couleur verdâtre de la pilule en se basant sur un réel cachet qu’il avait pu se procurer.
Il aurait dépensé pas moins de 30 000 $ pour les bouchons et le moule du comprimé.
À terme, cela lui aurait permis de vendre chaque bouteille de 100 comprimés pour 600 $.
« J’ai tout vidé les entrepôts et chez moi, j’ai protégé les bouteilles, les bouchons et les moules. J’ai pas fait ça en BS », auraitil indiqué dans un message quelques semaines avant les rafles policières.
IMPORTATION DE COCAÏNE
Della Serra, alias « Billy Bob », aurait aussi eu des discussions concernant l’importation de 60 kg de cocaïne depuis le Pérou. Seulement 24 kg auraient réussi à se rendre jusqu’au Québec, selon les échanges retrouvés dans son cellulaire.
L’accusé, qui a des antécédents en matière de trafic de stupéfiants, se serait notamment vanté à ses complices que ce n’était « pas la première fois qu’il agit ainsi ».
En parallèle, Della Serra aurait aussi produit de grandes quantités de cannabis. Lors des perquisitions, 200 kg ont été retrouvés dans l’immense coffre-fort situé dans un local commercial.
Plus de 400 plants de cannabis ont été saisis dans un commerce de pièces d’auto à Montréal-nord. L’accusé possédait un permis de Santé Canada lui permettant d’en cultiver 382 pour des fins médicales, mais qui lui interdisait le transport.
Des métamphétamines, des vapoteuses au cannabis et de l’argent comptant ont aussi été retrouvés à son domicile par la SQ.
Della Serra, qui souhaite être remis en liberté pour la suite des procédures, a proposé une caution de 10 000 $ provenant d’un prêteur privé dont il ne connaissait que le prénom.
La juge Marie Kettlyne Ruben rendra sa décision aujourd’hui.