La saleté a une ville
Vous souvenez-vous du slogan publicitaire de Montréal, « La fierté a une ville » ?
Aujourd’hui, c’est « La saleté a une ville ».
C’est bien simple, Montréal est devenue une dompe.
Même New York n’est pas aussi crottée.
Ajoutez à ça des nids de poule capables d’accueillir une famille de quatre, des bâtiments placardés, des cônes orange qui poussent comme de la mauvaise herbe et des sans-abri à tous les coins de rue, et vous avez une ville capable de rivaliser avec Baltimore dans ses pires années.
Difficile de croire que cette ville a déjà été l’hôte d’une exposition universelle et des Jeux olympiques.
ÇA DÉBORDE
Et vous savez comment ça se passe avec la saleté.
Plus c’est sale, plus c’est sale.
Plus il y a de cochonneries dans la rue, moins les gens se sentent honteux de jeter leurs cochonneries dans la rue.
C’est comme la chambre d’un ado. C’est pas une bobette de plus qui traîne par terre qui va faire une différence.
De toute façon, maman va ramasser, alors…
Le hic, à Montréal, c’est que maman ne ramasse pas.
Les poubelles débordent plus que le ventre du gros Antonio quand il sortait de Da Giovanni.
Et ne me dites pas que c’est à cause du printemps et de la neige qui fond…
L’été dernier, je suis allé au lac des Castors, sur le mont Royal, et les poubelles débordaient partout.
Il y avait plus de déchets autour des poubelles que dedans.
Vous vivez en région et vous ne savez pas quoi faire avec votre vieux sofa cabossé ?
Venez à Montréal et laissez-le dans une ruelle.
Ici, ça s’appelle du « mobilier urbain ».
ANATOMIE D’UNE CHUTE
La prochaine fois que vous viendrez à Montréal, rappelez-vous : cette ville a été déclarée « capitale mondiale du design » par L’UNESCO en 2006.
Oui, madame.
Les jurés étaient probablement la même bande de rigolos qui ont nommé la rue Wellington à Verdun « rue la plus cool du monde ».
« Je rêve de voir Montréal se doter d’un centre d’excellence en habitation auquel toutes les universités montréalaises collaboreraient », disait un expert en design en 2005.
Un centre d’excellence en habitation, bordel ! Dans une ville où les gens se battent pour avoir la chance de coucher dans une boîte en carton !
Mais qu’est-ce qui est arrivé, grands dieux ?
Comment a-t-on pu laisser cette ville tomber si bas ?
Ça n’a pris que 18 ans pour qu’on passe de « capitale mondiale du design » à « cité-poubelle ».
À QUB, cette semaine, Marie Montpetit me parlait de la CAQ qui préfère construire des Labs-écoles, des Maisons des aînés et des Espaces bleus flambant neufs plutôt que rénover les écoles, les CHSLD et les musées régionaux existants.
« C’est comme si tu vivais dans un taudis et que tu t’achetais un superbe chalet à la campagne », me disait-elle.
Qui sait ? C’est peut-être ce qui est arrivé.
On s’est acheté toutes sortes de belles bébelles, mais on n’a pas mis un sou dans l’entretien et la réfection de la métropole.
Résultat : le poumon économique du Québec ressemble à celui qu’on voit sur les paquets de cigarettes.