Des milliards pour la guerre en Ukraine et des « peanuts » pour l’itinérance
Près de 830 000 Canadiens, dont environ 98 000 Québécois, ont déclaré en 2021 avoir vécu une situation d’itinérance. Lorsqu’on analyse l’itinérance cachée, ce nombre passe à près de 4 millions de Canadiens, soit environ 674 000 Québécois.
Ces chiffres de l’enquête canadienne sur le logement, 2018 et 2021, me laissent sans voix !
Être en situation d’itinérance englobe plusieurs cas de figure impliquant une instabilité ou une incapacité à avoir un logement. Autrement dit, l’itinérance est un continuum qui englobe une myriade de situations : les sans-abri, les squatters, les refuges, les maisons d’hébergement, le couchsurfing (loger chez des amis, la famille, etc.), le fait de dormir dans sa voiture, etc.
Dans sa Stratégie nationale sur le logement lancée en 2017, le gouvernement Trudeau s’est mis comme objectif de réduire de 50 % le nombre de personnes en situation d’itinérance chronique d’ici 2028.
L’investissement prévu pour atteindre cet objectif se décline essentiellement dans le programme Vers un chez-soi à la hauteur d’une prévision budgétaire d’environ 4 milliards sur 10 ans.
L’UKRAINE AVANT L’ITINÉRANCE
Bien que le gouvernement Trudeau fasse de grandes promesses et peine à les remplir, il n’en demeure pas moins qu’en deux ans, soit depuis le début de la guerre en Ukraine, il s’est engagé à donner plus de 9,5 milliards de dollars d’aide, dont plusieurs milliards en armement militaire.
Alors que plusieurs de ses alliées, dont les États-unis, ferment le robinet, ce gouvernement priorise la guerre. Que l’on souhaite aider des alliés, soit, mais pas à cette ampleur et encore moins lors d’une crise économique.
Parions que le prochain budget fédéral d’avril sera sans grande surprise. Je m’attends encore à un grand cadeau militaire à l’ukraine. Et, le NPD ? Va-til encore voter pour ça ?
EN VÉRITÉ… CE GENRE DE POLITIQUE ME SIDÈRE
Le logement d’abord, un système qui a fait ses preuves
Que veulent les personnes en situation d’itinérance ? Vivre dans des refuges ? Rester dans l’assistanat ? Certainement pas !
Ils veulent un logement abordable, un chez-eux, et avoir le soutien nécessaire temporaire pour le garder.
Il est vrai qu’une minorité de personnes itinérantes ont besoin de soutien de longue durée, car elles sont aux prises avec des problématiques multiples (troubles mentaux, toxicomanie) ou en font un mode de vie.
Cependant, la majorité demande juste un réel coup de main pour reprendre sa vie en main. La stratégie du Logement d’abord (Housing First) prend alors tout son sens. Au Canada, elle a été lancée par le gouvernement Harper. Elle avait alors soulevé un véritable tollé, car les fonds fédéraux étaient alors alloués en grande partie au logement. Les services de premières lignes et psychosociaux devaient être financés autrement.
Certes, l’itinérance chronique peut impliquer une panoplie de demandes de services de première ligne et psychosociaux, reste que c’est aux provinces à en assumer les coûts. La santé et les services sociaux sont, après tout, de compétences provinciales.
Si le Canada est sincère quant à son adhésion aux Objectifs de développement durable (OOD) de L’ONU, il doit faire en sorte de ne laisser personne de côté et revoir ses priorités.