L’ONU craint que le pays sombre dans une guerre civile
Le Conseil de sécurité de L’ONU s’est inquiété hier de la situation « critique » en Haïti, où un chef de gang a menacé d’une « guerre civile » si le premier ministre Ariel Henry, de plus en plus sous pression, ne démissionnait pas prochainement.
Les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-prince ainsi que les routes menant au reste du territoire, s’en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques de ce pays pauvre des Caraïbes, dont à plusieurs prisons d’où ont pu s’évader des milliers de détenus.
Face à cette escalade, le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence hier après-midi. « On n’avait pas le choix, la situation est critique », a commenté après la réunion l’ambassadeur d’equateur José Javier De la Gasca Lopez Dominguez.
AFFRONTEMENTS
La zone de l’aéroport Toussaint-louverture a de nouveau été le théâtre d’affrontements entre les forces de sécurité et des gangs dans la nuit de mardi à mercredi, selon une source policière.
Un influent chef de gang, Jimmy Chérizier, a assuré mardi que, si Ariel Henry ne démissionnait pas et si la communauté internationale continuait de le soutenir, le pays allait « tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide ».
En plein état d’urgence et couvrefeu nocturne, et alors que les administrations et les écoles restent fermées, beaucoup tentent de fuir les violences avec leur peu d’affaires sous le bras, les autres ne s’aventurant dehors que pour acheter l’essentiel.
SITUATION CRITIQUE
« La situation est de pire en pire. La police nationale ne peut rien contre les assauts des bandes armées. Seule une force militaire peut nous aider dans cette situation », a dit à L’AFP un chauffeur de Port-au-prince qui a requis l’anonymat.
L’association des hôpitaux privés d’haïti a lancé un appel à l’aide face à une « situation critique » marquée par « une pénurie sévère d’intrants médicaux essentiels, notamment.
Les groupes armés disent vouloir renverser le premier ministre nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat, en 2021, et qui aurait dû quitter ses fonctions début février.
Le pays, actuellement sans président ni Parlement, n’a connu aucune élection depuis 2016.
« Malgré de nombreuses réunions, nous n’avons pas pu trouver de consensus entre le gouvernement et les divers acteurs de l’opposition, le secteur privé, la société civile et les organisations religieuses », a déploré hier le président du Guyana Mohamed Irfaan Ali, qui assure la présidence tournante de la Communauté des Caraïbes (Caricom).