DEUX FEMMES ENGAGÉES QUI SE DISTINGUENT DANS LEURS RÔLES D’EXTRAPARLEMENTAIRES
Émilise Lessard-therrien a été choisie comme co-porte-parole de Québec solidaire et Méganne Perry Mélançon, comme porteparole nationale du Parti Québécois. En cette journée internationale des femmes, voici le portrait de deux extraparlementaires qui, après une défaite électorale, continuent de s’investir corps et âme pour leurs partis.
On ne le dira jamais assez : il faut plus de femmes en politique, et les dernières années ont démontré que leur nombre ne doit jamais être tenu pour acquis.
On sait aussi qu’il faut plus de modèles pour les attirer et lutter aussi contre le syndrome de l’imposteur encore trop présent.
Avant d’accéder à ces nouvelles fonctions « d’extra », comme on les désigne au Parlement, Émilise Lessard-therrien et Méganne
Perry Mélançon ont été respectivement députées de Rouyn-noranda– Témiscamingue et de Gaspé, de 2018 à 2022.
Élues très appréciées de leurs pairs, elles ont fait leur marque rapidement. Ces modèles pas comme les autres ont eu envie de poursuivre leur implication autrement.
DES VOIX FORTES
Être un modèle pour d’autres femmes et des personnes issues des régions, « c’en est une, une motivation », souligne d’emblée Émilise Lessard-therrien, en pleine tournée des régions pour QS.
Elle cite celles qui l’ont inspirée : Manon Massé, à qui elle a succédé comme co-porte-parole de Québec solidaire, et Christine Moore, exdéputée du NPD à Ottawa.
« Je l’ai appris assez tôt dans mon parcours : si on veut une assemblée représentative, ça prend, oui, des femmes, des jeunes, des voix fortes qui prennent position dans l’espace public […] Il faut que des gens qui ne sont pas les élites habituelles puissent aussi s’impliquer », plaide-t-elle.
À son avis, plus il y aura de femmes en politique et plus la politique prendra un nouveau visage, avec d’autres façons de communiquer et de faire progresser les dossiers. Moins il y aura de cette « game » de pouvoir qui en rebute plus d’une.
Mère de deux fillettes, agricultrice, Émilise Lessard-therrien doit se déplacer régulièrement entre Québec et Rouyn-noranda. Elle le faisait comme députée, et ça continue en tant que coporte-parole, ce qui représente un défi.
Mais le sacrifice en vaut la peine, pour redonner à toutes les générations futures et offrir une voix aux jeunes et aux régions, dit la principale intéressée.
Et puis, elle était loin d’en avoir fini avec la politique et l’engagement.
Impressionné par le travail de sa jeune collègue, le député solidaire Vincent Marissal parle de sa fougue, de sa force d’engagement admirable et de sa capacité d’apprentissage incroyable.
« C’est une fille avec une très bonne tête et le coeur à la bonne place », dit cet ex-chroniqueur politique, seul élu de QS à l’avoir appuyée dans la course au porte-parolat.
C’est quelqu’un qui lutte contre le sentiment d’impuissance en région, observe aussi le député Sol Zanetti, rencontré en marge d’une conférence sur l’indépendance, qu’il présentait avec Mme Lessard-therrien devant des étudiants de l’université Laval.
« Elle suit son instinct, dit-il, c’est une de ses forces. »
PASSIONNÉE PAR LE TERRAIN
De son côté, Méganne Perry Mélançon, qui est devenue par la bande le visage féminin du PQ, planifiait il y a quelques années de prendre la relève de l’auberge familiale. Un contexte plus difficile en a décidé autrement.
Propulsée en politique, elle est guidée par une envie de contribuer au développement régional et à la mise en place des conditions pour favoriser le retour des jeunes en région et pour réaliser l’indépendance.
Quand le chef du PQ l’a approchée pour devenir porte-parole, elle a sauté sur l’occasion de revenir travailler « avec une belle gang de passionnés ».
« Je ne me voyais pas aller ailleurs. J’ai eu des offres chez nous, qui m’auraient permis d’être vraiment plus à la maison et dans une petite vie rangée. »
Elle avait toutefois la politique dans la peau, et encore du temps à donner, raconte-t-elle entre une rencontre sur le logement et un discours à un congrès sur la sylviculture.
« Ce que je préfère de la politique, c’est le terrain », souligne celle qui se décrit comme une régionaliste.
Comme modèles, elle identifie Pauline Marois et aussi Véronique Hivon, auprès de qui elle a beaucoup appris et dont elle a adopté le style collaboratif.
TOUTES LES QUALITÉS
Le chef du PQ, Paul Saint-pierre Plamondon, ne tarit pas d’éloges envers Mme Perry Mélançon.
« Énergique, sympathique, elle a toutes les qualités », dit-il, énumérant sa disponibilité, flexibilité, rigueur et versatilité. Son expérience en politique, fait-il valoir, est également précieuse.
Puis, avec une remontée dans les sondages, la porte-parole s’avère encore plus indispensable pour répondre aux nombreuses demandes et aux attentes très élevées, remarque M. Saint-pierre Plamondon.
Qualifiant l’embauche de Mme Perry Mélançon de « coup de génie » de la part de son chef, le député Joël Arseneau estime que l’implication de jeunes femmes peut faire la différence « pour redonner confiance envers le monde politique, combattre le cynisme […] et changer l’image tronquée voulant que les gens soient là pour le pouvoir, et non pour améliorer le monde ».
Les deux jeunes femmes ont toutes deux l’intention de briguer à nouveau les suffrages en 2026, dans leurs circonscriptions respectives.