En route vers les énergies vertes
Tourné vers l’avenir, le Train de Charlevoix est en voie de « traverser le pont » qui le mènera vers la carboneutralité
Le Train de Charlevoix est en gare centrale : il pourrait rebrousser chemin dans le sens de la tradition avec des véhicules qui fonctionnent au diesel, mais il se prépare doucement à emprunter celui de la modernité dans un souci de carboneutralité. Chose certaine, sa conductrice et son équipe sont bien déterminées à se rendre à bon port.
La directrice générale du Train de Charlevoix, Nancy Belley, soutient qu’elle est « en peine d’amour » depuis qu’alstom est repartie avec son train à hydrogène en octobre, après son passage sur les rails de Charlevoix l’été dernier.
Cette initiative, qui a nécessité deux ans de négociations et de planification, était le premier pas de l’entreprise vers les énergies vertes. Elle compte bien poursuivre dans cette veine.
« Ça va très bien ces dernières années, mais il y avait encore plus d’engouement grâce au tout premier train à hydrogène des Amériques. C’est vers ces technologies vertes qu’on s’en va à l’avenir », souligne la femme d’affaires qui baigne dans le domaine du transport depuis son enfance.
Même si l’expérience du train fonctionnant grâce au premier élément du tableau périodique a été un succès retentissant à ses yeux, Mme Belley ne sait toujours pas s’il sera de retour sur les 125 km de rails que compte le chemin de fer de Charlevoix pour la saison 2024.
ÇA COÛTE CHER
Avant de se lancer véritablement dans les énergies vertes avec sa propre flotte ferroviaire, le Train de Charlevoix doit s’assurer que ses véhicules actuels sont opérationnels à 100 % pour transporter un maximum de passagers.
L’entreprise attend patiemment l’arrivée de matériel roulant acheté en Allemagne à fort prix. La locomotive et ses wagons acquis pour leurs pièces devraient arriver d’ici la fin de l’année.
« Dans le monde ferroviaire, tu éternues et ça te coûte 1 M$, constate Nancy Belley. On ne voulait pas se lancer dans les grandes dépenses pour un nouveau train au diesel : la technologie évolue trop vite dans l’électrique. On attend la bonne occasion. »
Elle affirme que la compagnie est en train de « traverser le pont » qui la mènera plus tôt que tard vers sa transition énergétique.
PLUS QU’UNE BALADE
Depuis la pandémie, Le Train de Charlevoix mise de plus en plus sur les forfaits tout inclus en collaboration avec des partenaires hôteliers qui s’occupent de l’hébergement et des restaurants qui fournissent le repas.
« Au départ, on a lancé ça pendant la pandémie pour se réinventer et pour se serrer les coudes avec les autres commerces et entreprises de la région. C’est quelque chose qui fonctionne très très bien et on va continuer d’ajouter des forfaits pour d’autres activités », poursuit la gestionnaire qui est à la tête du Train depuis plus de 18 ans.
Quand on lui demande comment elle imagine « son train » dans les prochaines années, Nancy Belley répond sans hésiter.
« On veut que les gens de Charlevoix voient le train comme un moyen de transport collectif plus que comme une attraction touristique. On aimerait devenir une alternative crédible pour les travailleurs. »
Pour faire valoir cette volonté, la directrice générale a, de son propre aveu, « le nez partout » dans les hautes sphères de la mobilité de la Capitale-nationale. Elle estime que le chemin de fer qui relie Québec et La Malbaie est un « atout indéniable ».
« On est toujours en train de se demander comment on peut innover. Moi, j’aimerais ça qu’on regarde ce qu’on a à notre disposition. Dans Charlevoix, on a ce joyau de chemin de fer qui existe depuis plus de 100 ans et qui est directement relié à Québec. »
TRANSPORT STRUCTURANT
Dans ses rêves les plus fous, Mme Belley s’imagine un monde où le réseau ferroviaire de Charlevoix est arrimé avec « l’éventuel mode de transport structurant » de Québec pour desservir la périphérie est de la capitale sept jours sur sept.
« ON VEUT QUE LES GENS DE CHARLEVOIX VOIENT LE TRAIN COMME UN MOYEN DE TRANSPORT COLLECTIF PLUS QUE COMME UNE ATTRACTION TOURISTIQUE. »
– Nancy Belley, directrice générale du Train de Charlevoix