Une attaque frontale contre Trump
Joe Biden a livré hier son discours sur l’état de l’union, qui avait une importance capitale vu l’élection à venir
WASHINGTON | (AFP) Un Joe Biden offensif s’en est pris à son rival Donald Trump dès les premières minutes de son grand discours sur l’état de l’union hier soir, l’accusant de se soumettre à Vladimir Poutine et affirmant que la liberté et la démocratie étaient attaquées en Amérique.
Dans l’imposant amphithéâtre du Congrès, sous les acclamations de son camp et tandis que l’opposition républicaine restait assise, le démocrate de 81 ans a assuré que lui ne « plierait » jamais devant le président russe, qui a lancé en 2022 une invasion de l’ukraine.
« Mon prédécesseur, un ancien président républicain, dit à Poutine “Faites ce que vous voulez”. C’est une citation, un ancien président a vraiment dit ça, se soumettant à un dirigeant russe. Je pense que c’est scandaleux. C’est dangereux, et c’est inacceptable », a-t-il lancé, sans prononcer le nom de Donald Trump.
« Depuis le président Lincoln et la guerre de Sécession, jamais liberté et démocratie n’ont été attaquées dans notre pays comme elles le sont aujourd’hui », a ajouté celui qui tentera de se faire réélire à la tête du pays, en novembre.
Le président a voulu dessiner « un avenir basé sur les valeurs fondamentales qui définissent l’amérique : l’honnêteté, la force morale, la dignité, l’égalité ».
VENGEANCE
« Et voilà que quelqu’un de mon âge raconte une autre histoire, celle d’une Amérique tournée vers la rancoeur, la vengeance et la revanche », a-t-il ajouté dans une allusion à son rival de 77 ans.
Rappelons que Donald Trump a promis de se « venger » de sa défaite de 2020, qu’il n’a jamais reconnue, et des poursuites judiciaires qui s’accumulent contre lui.
L’ancien président a aussi accusé hier le démocrate d’avoir transformé les Étatsunis en « film d’horreur » et réclame de débattre avec lui.
AVENIR PROMETTEUR
Face à la rhétorique du « déclin » scandée par Trump, Joe Biden a plutôt assuré que l’amérique connaissait sous sa présidence « le plus grand rebond » de son histoire, après la pandémie de COVID-19 qui a mis à genoux la première économie mondiale.
« J’ai hérité d’une économie qui était au bord du gouffre. À présent, notre économie est littéralement enviée par le monde entier », a-t-il dit.
Cela dessine « un avenir plein de promesses », selon Joe Biden, décidé à jouer la carte de l’optimisme face à son rival.
Et pour marquer résolument la différence avec ce dernier, il a aussi juré qu’il ne « diaboliserait pas » les migrants.
Trump ne cesse de l’accuser d’avoir transformé la frontière sud en passoire.
Le président a aussi fustigé l’annulation de la garantie fédérale à l’avortement, promettant de rétablir cette protection si les Américains élisent un Congrès favorable au droit de choisir.
« Clairement, ceux qui se vantent d’avoir [annulé la protection fédérale du droit à l’avortement par la Cour suprême] n’ont aucune idée du pouvoir des femmes en Amérique », a-t-il lancé.
DE L’AIDE À GAZA
Sur la forme, Joe Biden s’est montré combatif, au moment où ne cessent de monter les inquiétudes et critiques sur son âge.
Le président a aussi annoncé devant le Congrès qu’il avait ordonné à l’armée américaine d’établir un port artificiel à Gaza pour acheminer davantage d’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, et a dit vouloir un « cessez-le-feu immédiat » de six semaines.