Le Journal de Quebec

12 mois de prison pour un récidivist­e qui s’est caché dans le placard de son ex

- PIERRE-PAUL BIRON

Retrouvé dans une garde-robe chez son ex alors qu’il lui était interdit de l’approcher, un homme au casier judiciaire bien garni s’en tire avec une peine de 12 mois grâce à une suggestion commune des parties, que la juge a fini par accepter malgré plusieurs doutes.

Éric Vaillancou­rt avait écopé d’une peine de 15 mois de détention pour voies de fait, séquestrat­ion et harcèlemen­t criminel dans un contexte de violence conjugale en octobre 2022.

Or, dès sa sortie de prison en septembre 2023, l’individu aurait récidivé, se retrouvant caché dans un placard chez la victime.

Mercredi, son avocat et la procureure de la Couronne ont suggéré une autre peine de 12 mois pour l’accusé qui a plaidé coupable aux accusation­s de non-respect des conditions qui pesaient contre lui.

« Pourquoi encore douze mois ? », a demandé, incrédule, la juge Réna Émond, qualifiant la suggestion de « terribleme­nt clémente ».

« C’EST À LUI DE NE PAS Y ALLER »

Les parties ont expliqué que même si le dossier criminel de l’homme s’étirait sur 23 pages, comme la plaignante « ne s’implique pas au dossier », les accusation­s de voies de fait et de harcèlemen­t pour le même événement de septembre 2023 sont tombées.

Puis, son avocat, Me Denis Bernier, a aussi précisé à la juge que « c’est madame qui tente de recontacte­r monsieur en prison » et qui garde le lien.

Cette dernière explicatio­n a fait sortir la magistrate de ses gonds.

« Non. L’interdicti­on s’adresse à lui. Quand bien même qu’elle l’appellerai­t 20 fois par jour, c’est à lui de ne pas y aller », a insisté la juge Émond, rappelant que l’on ne peut faire porter sur les épaules d’une victime la responsabi­lité des choix d’un accusé.

« Des victimes ont de la misère à se détacher, mais on n’a pas d’emprise sur elles. C’est aux individus accusés qu’il faut qu’on s’adresse. »

D’autant plus qu’une déclaratio­n de la victime plutôt inquiétant­e se trouvait au dossier. La juge a tenu à lire le document en salle pour remettre les choses en contexte.

« Rien n’a changé par rapport à ma peur et [à] mon insécurité », y écrit la plaignante. « J’ai peur de me faire défoncer ma porte, mes fenêtres, que quelqu’un vienne mettre le feu. »

SUGGESTION ENTÉRINÉE

Après s’être interrogée sur la suggestion, la juge Émond s’est résignée à entériner la peine proposée.

Il faut savoir que la Cour supérieure a rappelé dans une décision de 2016 que les recommanda­tions conjointes doivent être suivies à moins « qu’elles ne déconsidèr­ent l’administra­tion de la justice ou qu’elles soient contraires à l’intérêt public ».

Si Vaillancou­rt devait à nouveau briser ses conditions, la juge a demandé expresséme­nt que le dossier soit ramené devant elle.

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ÉRIC VAILLANCOU­RT Condamné
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