Comment sommes-nous devenus une bande de petits lapins ?
Il y a quelques semaines, le chroniqueur Rémi Villemure, qui poursuit un doctorat en sociologie à L’UQAM, a dit à l’émission que j’anime à QUB qu’il avait reçu une invitation pour un party de mi-session.
« Du vin, de la bière, des boissons sans alcool ainsi que des petites bouchées vous seront offerts », disait l’invitation.
« De plus, deux personnes de confiance seront en charge de servir le vin et une personne assignée au senti sera également sur place. »
De quoi ? Une personne « assignée au senti » ? Kessé ça ?
L’UQAM est rendue comme la Grande Bibliothèque, elle veut interdire l’accès aux sans-abri qui ne sentent pas bon ?
Non.
Dans le jargon woke, un « responsable du senti » est « une personne qui veille à éviter les rapports de domination qui pourraient survenir pendant une assemblée » et qui vient en aide aux gens qui pourraient « ressentir un malaise lors de discussions informelles ».
SNIF SNIF
Vous êtes dans un party et vous vous sentez « mal à l’aise » parce que vous avez entendu une personne raconter une blague qui « heurte vos valeurs » ?
Une joke de gros ou une joke de blonde ?
Vous allez voir le « responsable du senti » et celui-ci ira voir les méchants blagueurs pour les mettre au pas ou les expulser de la salle.
Oui, les amis. On est rendu là.
Dans les années 40, des petites soeurs du Bon-pasteur se promenaient dans les fêtes qui se déroulaient dans les sous-sols d’église pour s’assurer que la bouteille de root beer ne contenait pas d’alcool et que les gars et les filles ne dansaient pas trop collés.
Et dans les années 2024, des UNIVERSITAIRES se promènent dans les fêtes de mi-session du département de sociologie pour s’assurer qu’aucun doctorant ne raconte une joke de nains.
Qui a dit qu’on a sorti la religion des écoles ?
Les curés continuent de vouloir « purifier » les esprits – la seule différence est qu’ils ne portent plus de col romain.
En passant, il y a aussi une « gardienne du senti » au festival Filministes.
Pour protéger les femmes si jamais un homme prenait la parole lors des discussions suivant la projection des films, j’imagine…
BOU HOU HOU
Ce qui nous amène à la question quiz de la semaine : comment sommesnous devenus une bande de petits lapins ? Comment sommes-nous devenus si moumounes ?
Non, n’appelez pas la Commission canadienne des droits de la personne pour porter plainte !
Dans mon livre à moi, « moumoune » n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle. Ça veut dire « délicat », « fragile », « douillet ».
Il y a des hétéros moumounes et des gais pas moumounes.
Qu’est-ce qui s’est passé pour que nous devenions si sensibles, si frêles, si souffreteux ?
On défrichait les Laurentides à coups de hache entre deux batailles, et maintenant, on se roule en boule et on pleurniche à gros bouillons quand Radio-canada diffuse des reprises de La petite vie ?
On veut fermer les écoles et garder les enfants à la maison parce que la Lune va passer devant le Soleil ?
Comme m’a dit le politologue
Christian Dufour hier à QUB : « C’est pas avec des gens comme ça qu’on va faire l’indépendance du Québec ! »
Message aux Russes et aux Chinois : si vous voulez envahir le Canada, pas besoin de canons ou de bombes atomiques.
Vous n’avez qu’à diffuser des vieilles jokes de Piment fort dans des haut-parleurs, on va se rendre tout de suite !
– Maman, maman, le monsieur a dit que les blondes ne mangent pas de bananes, car elles ne réussissent pas à trouver la fermeture éclair !
– Ah ben maudit ! Je vais aller porter plainte au responsable du senti nommé par L’ONU, ça n’a pas de bon sens de troubler des étudiants en maîtrise de la sorte, c’est de la torture, un crime contre l’humanité ! Viens, mon bébé, colle-toi sur maman, ababibubu, adedidoudou…
Le gouvernement Legault aime les gros projets qui nourrissent notre fierté nationale ?
J’en ai un : la Couenne bleue.
Des centres « multidiscliplinaires » où l’on apprend aux jeunes Québécois à s’endurcir.
Parce que là, on est comme des bernard-l’hermite qui ont perdu leur coquillage.
Comme dirait ma mère : c’est tout p’tit et ça veut vivre…
C’est fou à quel point nous sommes devenus fragiles, douillets…