Ils ont « sauvé » des restos St-hubert
L’arrivée d’employés étrangers a donné « un boost très bénéfique pour la cuisine », affirme un directeur
Les restaurants St-hubert de la région de Québec ne pourraient plus se passer de travailleurs étrangers, qui leur donnent un « deuxième souffle », notamment en assurant une meilleure « stabilité » des employés en cuisine.
« On a souvent le problème d’enseigner à des gens et un mois plus tard, ils quittent. Il y a un roulement [de personnel] et on a l’impression de toujours recommencer. Mais, ces gens-là ne sont pas de passage. Ils aiment leur travail et apprennent très vite », explique Stéphane Lapointe, directeur du restaurant situé sur la Grande Allée, emballé par les compétences de ses nouveaux employés.
Depuis deux ans, il emploie deux travailleurs guatémaltèques en cuisine.
Selon lui, l’arrivée de travailleurs étrangers dans son établissement a donné « un boost très bénéfique pour la cuisine ».
«J’étais toujours short staff, à -3 ou -4 employés en cuisine. Mais, le fait qu’ils soient arrivés, honnêtement, ça nous sauve. Je dirais même qu’ils remplacent facilement quatre employés», ajoute-t-il.
Au total, la chaîne de restaurants emploie 24 travailleurs étrangers temporaires mexicains, guatémaltèques et mauriciens dans ses 11 établissements de la région.
Le Journal a fait la rencontre de trois d’entre eux. José Luis Chitic Chitic, 24 ans, et Mario Garcia, 36 ans, sont tous deux originaires du Guatemala, arrivés à Québec en octobre 2022.
Leur collègue Nestor Gonzalez Carrasco, un Mexicain de 27 ans, est quant à lui est arrivé en avril, l’an dernier.
Chacun d’entre eux possède un minimum de trois ans d’expérience en cuisine.
« Pour eux, c’est une profession. On leur transmet un savoir, mais eux aussi ont un savoir qui est bénéfique pour nous [...] Ça crée une belle chimie en cuisine », mentionne pour sa part Clara Martin, directrice des ressources humaines chez St-hubert.
BIEN ACCUEILLIS
L’entreprise prend le soin de bien accueillir ses nouveaux travailleurs, en leur fournissant entre autres un logement meublé et des vêtements d’hiver.
Mme Martin explique que des gestionnaires accompagnent même les nouveaux arrivants en autobus, question de leur faire voir leurs futurs trajets pour se rendre au boulot.
Mais, le plus compliqué, admettent les travailleurs, c’est d’apprendre la langue.
Pour les aider, l’entreprise leur a aussi fourni un traducteur pendant leurs premiers quarts de travail.
Les chartes de production et les aide-mémoire qui tapissent les murs de la cuisine ont aussi été traduits en espagnol.
« Au début, je ne comprenais pas les bons de commande. Je ne faisais que répondre : oui, oui », raconte José en rigolant. « Mes collègues me disaient pollo, pollo [poulet en espagnol] », ajoute Mario, en riant de bon coeur.
Chaque semaine, ils participent à des classes de francisation. Aujourd’hui, ils sont plutôt fiers d’accorder une entrevue au Journal, dans la langue de Molière.
AMÉLIORER LEUR SORT
Venus surtout pour améliorer leur sort sur le plan économique, les cuisiniers qui apprécient leur « nouvelle vie » admettent ne plus vouloir repartir.
Les Guatémaltèques confient empocher ici un salaire cinq fois plus élevé que ce que leur travail de cuisinier pouvait leur rapporter à Guatemala, la capitale du pays. Pour Nestor, de Mexico, il s’agit du triple.
Chaque mois, ils envoient une partie de leur salaire à leurs familles.
« Je veux aider ma mère et mon père. J’ai aussi un frère de 22 ans », affirme José, qui souhaite faire venir son frangin ici. « Ça change leur niveau de vie, ça les aide pour l’alimentation, les vêtements, la maison », renchérit son colocataire, Mario.
Même si leur premier hiver fut « très difficile », disent-ils en raison du froid, ils se plaisent maintenant à apprécier les couleurs des saisons, qu’ils n’avaient jamais vues auparavant.
L’été dernier, Nestor admet avoir été très surpris de voir des jeunes de son âge se balader dans les rues de la ville, tard le soir.
« Je trouve ça incroyable. Ce n’est pas quelque chose que je faisais chez moi, ce n’est pas recommandé, c’est trop dangereux », dit le résident de Val-bélair.
RENOUVELER LEURS CONTRATS
Plus que satisfaite de leur travail, Mme Martin soutient par ailleurs être en train d’effectuer les démarches administratives pour pouvoir renouveler leur contrat de travail, qui varie entre deux et trois ans.