Le Journal de Quebec

Dans le coin gauche, Joooooooe Biden !

- richard.latendress­e @quebecorme­dia.com

Que les amateurs de lutte – et je sais qu’ils sont nombreux – me pardonnent, mais il y a déjà plusieurs décennies que je n’embarque plus dans ces mises en scène bien orchestrée­s. Cela dit, Joe Biden, le vieillard de 81 ans, a donné jeudi un spectacle digne des meilleurs combats des frères Rougeau.

Les frères Rougeau… ça vous donne une idée de mon âge. Joe Biden avait aussi conscience du sien et de tous les préjugés qu’il inspire en livrant son discours sur l’état de l’union.

Impossible de voir autrement la fougue qu’il a mise non seulement à enfiler les réalisatio­ns de ses trois années à la Maison-blanche, mais aussi les répliques qu’il s’est amusé à servir aux élus républicai­ns, prompts à le houspiller.

Ces discours à la nation, écoutés par des millions d’américains, sont écrits et réécrits jusqu’au dernier moment et l’entourage du président Biden s’est clairement attaché à dissiper l’idée qu’il est trop vieux pour continuer à gouverner le pays.

AU DIABLE LE DÉCORUM !

Marjorie Taylor Greene, la

congresswo­man républicai­ne de Géorgie, une caricature du manque de subtilité avec sa casquette rouge « Make

America Great Again » (à l’encontre d’ailleurs du protocole au Congrès), a plusieurs fois chahuté Joe Biden.

Des hurlements que les conseiller­s du président avaient, de toute évidence, pressentis – mieux encore, espérés – puisque ces échanges sont perçus comme des occasions pour

Biden de prouver qu’il a toujours la répartie facile et rapide, brisant ainsi la carapace de sénile que ses détracteur­s souhaitent tant lui apposer.

À BÂBORD TOUTE !

Joe Biden ne s’est pas comporté qu’en pugiliste. L’homme a beau être président, il n’a montré aucune gêne à s’envelopper de la cape populiste. Que ses compatriot­es se le tiennent pour dit, il a à coeur de voir plus de chips dans les sachets : fini la shrinkflat­ion !

Il a aussi appelé à une réduction des frais d’intérêt de carte de crédit et un plafonneme­nt des prix des médicament­s sur ordonnance qu’on peut trouver – pour les mêmes médicament­s – moins chers à Toronto, Berlin et… Moscou. Sans oublier, bien sûr, la bonne vieille promesse démocrate d’augmenter les impôts des plus riches.

UN CHOIX À FAIRE

Joe Biden s’est présenté aux Américains en homme énergique et en défenseur des intérêts de la classe moyenne. Est-ce que ce sera suffisant pour convaincre les deux tiers des personnes récemment sondées par le New York Times qui affirment que le pays se dirige dans la mauvaise direction ?

La Maison-blanche voit les choses autrement : les électeurs ont un choix à faire entre deux candidats et deux visions de l’avenir. Et sur ce plan, son « prédécesse­ur », comme il a désigné Donald Trump sans le nommer expresséme­nt plus d’une douzaine de fois, n’offre rien de neuf.

« Le problème auquel notre nation est confrontée n’est pas notre âge ; c’est l’âge de nos idées. La haine, la colère, la vengeance, le châtiment sont les idées les plus anciennes. Mais on ne peut pas diriger l’amérique avec des idées qui ne font que nous ramener en arrière. »

Quatre-vingts pour cent des Américains se disent insatisfai­ts du statu quo, selon Gallup. Reste à voir si le vieux Biden est parvenu, le temps d’un discours, à se faire passer pour le plus moderne des deux.

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