Biden face à la terreur trumpiste
Les élections américaines arrivent dans huit mois. C’est bien loin. En théorie, rien n’est encore joué. Cependant, en pratique, grâce à son influence, Donald Trump règne déjà sur les élus républicains comme s’il était président.
De l’économie à la politique extérieure en passant par l’environnement, Trump impose déjà sa ligne politique. Les élus républicains n’osent pas s’opposer à lui parce qu’ils craignent une cabale contre eux lors des prochaines élections. Bien plus, plusieurs juges tremblent (le terme n’est pas trop fort) devant les partisans de Trump. Des juges recommandent même aux membres de jurys qui ont rendu des décisions défavorables à Trump de demeurer incognito. La terreur est la marque de commerce des dictateurs.
Joe Biden comprend-il la nature de la campagne de Trump ?
Biden, dans son discours sur l’état de l’union, n’a manifestement pas compris la nature de la campagne de Trump. Il n’a pas saisi combien la peur joue un rôle important dans cette élection. La peur envers Trump, bien sûr, mais aussi celle envers toutes sortes de problèmes graves. Les Américains craignent l’immigration, les armes à feu, la violence des villes, les incertitudes économiques, la Chine, la Russie, etc. Cette peur n’est pas nouvelle, Michael Moore l’a dénoncée dans plusieurs de ses films, mais elle atteint aujourd’hui des proportions gigantesques.
Que dit Trump pour calmer les craintes des Américains ?
Trump promet des solutions simples, le plus souvent simplistes. Il y a trop d’immigrants ? Fermons la frontière. Ceux qui s’inquiètent des armes à feu et de la violence n’ont qu’à s’armer davantage.
Pour lui, la solution aux problèmes économiques consiste à baisser les impôts. La Russie ? Il parlera à Poutine et s’entendra avec lui. Même chose pour la Chine. Et surtout, Trump projette une image de force irrésistible. Et puis, Trump mise sur les mouvements religieux. Rien de tel en effet que la religion pour calmer les craintes.
Biden pourra-t-il rassurer les Américains ?
Biden paraît bien frêle en comparaison de Trump. Son discours à la nation était articulé et, venant d’un homme de 81 ans, il a été bien livré. Mais il y a quelque chose de contradictoire pour un président d’affirmer que les États-unis sont plus forts que jamais, alors que lui-même est un frêle vieillard. Surtout que c’est faux, en particulier face à la Chine. En parité de pouvoir d’achat, l’économie chinoise est environ 25 % plus importante que celle des États-unis. La flotte militaire chinoise est plus nombreuse et plus moderne que celle des Américains. La capacité scientifique de la Chine surpasse celle des États-unis, comme l’indique le classement de la Chine au premier rang des détenteurs de nouveaux brevets. Biden aura du mal à convaincre l’électorat. Il ne fait pas le poids pour rassurer les Américains.
Biden peut-il rassembler les Américains ?
Probablement pas. Pendant le discours de Biden, les élus républicains mâchaient de la gomme, regardaient leur cellulaire ou marquaient ostensiblement leurs désaccords avec lui. Inversement, les démocrates se sont levés tant de fois qu’ils ressemblaient à une classe d’aérobie. Ces réactions caricaturales illustrent la division de la population. Biden tente d’expliquer aux Américains qu’ils devraient craindre plus que tout une dictature de Trump. L’argument ne porte pas, entre autres parce que plusieurs s’illusionnent en croyant qu’une telle dictature réglerait leurs problèmes.
Que pourrait faire Biden pour s’aider ?
Biden devrait choisir comme colistier une personne charismatique qui projette une image de force.