Un budget décisif pour l’avenir du gouvernement Legault
Le ministre des Finances, Eric Girard, présente son budget aujourd’hui. Il serait, selon ce qu’a déjà annoncé le premier ministre François Legault, « largement déficitaire ».
Or, le déficit sera loin d’être ce qui préoccupera le plus les Québécois. Et ce, même si le gouvernement, par ses baisses d’impôts et ses millions de chèques envoyés aux citoyens, aura luimême privé le trésor public de plusieurs milliards de dollars.
Les yeux des contribuables chercheront tout d’abord l’essentiel. À savoir si le budget répondra ou non au besoin criant d’améliorer des services publics en très mauvais état. Fera-t-il aussi quoi que ce soit pour alléger une crise du logement qui multiplie les drames humains ?
Comme Saint-thomas, ils ne se contenteront plus de belles paroles. Selon les sondages, la première cause du désamour de l’électorat envers la CAQ étant d’ailleurs l’état pitoyable des réseaux publics en santé et en éducation.
D’où, sans hasard, le titre du budget du ministre Girard : « Priorité Santé Éducation ».
Dans ce budget, les Québécois voudront savoir s’ils auront enfin accès ou non à des soins de santé de qualité, des services sociaux dignes de ce nom et des écoles publiques dont les plafonds ne tombent pas.
LA CLÉ DE 2026
La clé de la réélection ou de la défaite de la CAQ en 2026, elle est là. Point.
Or, Radio-canada rapportait lundi une nouvelle inquiétante. Il y aurait « des centaines de millions de dollars à couper dans le réseau de la santé québécois ».
Les hôpitaux et les CHSLD devraient aussi « redoubler d’efforts pour atteindre l’équilibre budgétaire en coupant notamment dans le personnel d’agences privées ».
Si cela devait s’avérer — pour le moment, conservons le « si » —, le réseau public de santé en prendrait encore plus pour son rhume.
Au moment même où le « tsunami gris » prévu depuis des lunes au Québec commence à frapper à nos portes, ce serait bien la catastrophe finale.
La montée en flèche des soins, des chirurgies et des services sociaux offerts à grands prix dans des cliniques et bureaux privés où les « patients-clients » paient de leur poche, en est déjà un indicateur choquant.
RÉSEAU À DEUX VITESSES
Cette émergence évidente d’un réseau de santé et de services sociaux à deux vitesses est aussi nettement plus étendue au Québec qu’au Canada anglais.
Résultat : pour une minorité de Québécois qui en ont les moyens, le privé-privé devient la voie rapide pour obtenir un éventail de plus en plus élargi de soins et de services.
La majorité, elle, croupit sur les listes d’attente du public. Je l’avance depuis des années : prétendre que le privé désengorge le public est un des pires leurres qui soient.
S’il fallait imposer en plus au réseau public de nouvelles compressions ou « optimisations » budgétaires…
Il est vrai qu’un bon système public de santé — tenez donc, comme celui que nous avons déjà eu au Québec — n’est pas qu’une question d’argent, mais aussi d’organisation.
Il n’empêche que le vieillissement accéléré de la population québécoise commande nécessairement des ressources financières additionnelles. Couper dans l’os serait bien la dernière chose à faire. À suivre…
Dans le budget du ministre Eric Girard, les Québécois voudront savoir s’ils auront enfin accès ou non à des services publics accessibles et de qualité.