Le Journal de Quebec

« Un piège à cons »

Le policier accusé d’agression et les autres convives avaient été avisés de ne pas rejoindre la victime

- PIERRE-PAUL BIRON

Se rendre dans la chambre où dormait une policière fortement intoxiquée était un « piège à cons », a raconté hier un agent du SPVQ présent lors d’une fête en 2021 où un sergent aurait agressé sexuelleme­nt la jeune femme.

Alex Bélanger a témoigné de ses souvenirs de la soirée du 20 août 2021 hier.

Il a expliqué avoir accompagné son partenaire Jonathan Leblond dans la chambre d’invités du sous-sol de la résidence où se tenait la fête pour l’aider avec une collègue « complèteme­nt soûle ».

Son partenaire lui avait à ce moment confié avoir trouvé « bizarre » les agissement­s de Christian Lachance en lien avec l’état de la jeune femme.

Après être remonté à l’étage, Alex Bélanger dit avoir servi un avertissem­ent à l’ensemble de ses collègues sur place.

« J’ai dit : n’allez pas dans la chambre en bas. C’est un piège à cons d’aller là. […] Ça ne donne rien », a expliqué le policier, qui aurait ajouté que si certains devaient se rendre au sous-sol, de seulement vérifier l’état de la plaignante pour être sûr « qu’elle n’ait pas vomi dans ses poumons ».

C’est là qu’un collègue lui aurait répondu qu’il n’y avait aucun danger, « qu’il n’y aurait pas un [Maxime] Lehoux numéro deux » ce soir-là.

La réponse faisait une référence ironiqueme­nt prémonitoi­re au dossier de cet autre policier du SPVQ accusé d’agression sexuelle sur une collègue pour des gestes survenus lors d’une fête en 2016.

Maxime Lehoux avait été reconnu coupable lors d’un premier procès en 2021, puis lors d’un deuxième en janvier dernier après avoir interjeté appel.

Son avocat est Charles Levasseur, qui représente aussi Christian Lachance.

L’ombre de cette affaire planait visiblemen­t sur la soirée d’août 2021 puisque Jonathan Leblond, le premier policier à avoir témoigné au procès de Christian Lachance, a aussi abordé Maxime Lehoux dans son témoignage.

Il avait affirmé lundi « avoir en tête le cas Lehoux » et être plus prudent dans ses contacts avec des collègues intoxiqués depuis l’affaire.

« DRAPEAUX ROUGES »

Jonathan Leblond a poursuivi son témoignage hier en réitérant avoir eu un mauvais pressentim­ent en voyant comment agissait Christian Lachance au cours de la soirée qui aurait mené à l’agression.

« Je trouvais que quelque chose ne marchait pas. J’appellerai­s ça des drapeaux rouges », a confié le patrouille­ur, précisant avoir réagi quand Lachance lui aurait dit de ne pas appeler le conjoint de la plaignante pour l’aviser de l’état d’intoxicati­on avancé de la jeune femme.

Selon la trame factuelle de la Couronne, après que Jonathan Leblond et Alex Bélanger eurent aidé la victime à se coucher au sous-sol et après leur départ, Christian Lachance se serait rendu dans la chambre et aurait eu une relation sexuelle avec la femme.

Son ADN a été retrouvé dans les bonnets du soutien-gorge et sur les parties génitales de la présumée victime, a témoigné lundi l’enquêteuse au dossier.

Le procès du sergent Lachance est prévu pour deux semaines.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL BIRON ?? Christian Lachance est accusé d’agression sexuelle sur une collègue lors d’une fête en août 2021. On le voit ici au palais de justice de Québec lundi.
PHOTO PIERRE-PAUL BIRON Christian Lachance est accusé d’agression sexuelle sur une collègue lors d’une fête en août 2021. On le voit ici au palais de justice de Québec lundi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada