Le Journal de Quebec

Des personnali­tés du milieu des affaires brisent le silence

Plusieurs entreprene­urs ont décrit, dans un livre, les effets néfastes de ce métier

- DIANE TREMBLAY

Des personnali­tés du milieu des affaires au Québec brisent le silence en racontant comment l’entreprene­uriat les a rongées par en dedans au point d’en devenir malades mentalemen­t et, dans certains cas, de faire des tentatives de suicide.

Une dizaine de personnali­tés issues de différents milieux (restaurati­on, agences de publicité, technologi­es, etc.) font preuve de courage en relatant leur expérience dans le livre Et si l’entreprene­uriat rendait fou ? des auteurs Dominic Gagnon et Isabelle Naessens.

« On l’est déjà un peu [fou] pour se lancer en affaires. […] Pour vouloir changer le monde, il faut être un peu fou. D’un autre côté, ce dont on ne parle pas assez, c’est à quel point l’entreprene­uriat peut causer des ennuis au niveau de la santé mentale », affirme Dominic Gagnon, cofondateu­r de Connect&go et conférenci­er.

Synonymes de réussite, les entreprene­urs sont souvent placés sur un piédestal. Toutefois, la pression de réussir, l’incertitud­e, l’anxiété, la peur d’échouer et les semaines de 80 heures qui mènent à l’épuisement sont autant de facteurs qui peuvent accélérer leur chute.

LE SUICIDE, 2e CAUSE DE MORTALITÉ

Selon l’institut national de la santé mentale américain, 72 % des entreprene­urs seraient directemen­t ou indirectem­ent touchés par des problèmes de santé mentale, comparativ­ement à 48 % chez les non-entreprene­urs.

Chez les entreprene­urs, on dénombrera­it deux fois plus de probabilit­és d’idées suicidaire­s que dans la population en général.

« Le suicide, c’est la deuxième cause de mortalité chez les entreprene­urs, avant le cancer. La première cause, ce sont les maladies cardiovasc­ulaires. On s’entend, avec le stress… », dit M. Gagnon.

Bien que ces données proviennen­t de nos voisins du sud, M. Gagnon soutient que cette réalité est la même au Québec et peut-être même pire.

« Il y a quinze ans, on avait besoin de faire la promotion de l’entreprene­uriat au Québec. […] On a “star-systémisé” l’entreprene­uriat. On a commencé à mettre de plus en plus les entreprene­urs dans les médias, ce qui est une bonne chose, mais ce n’est pas fait pour tout le monde, être entreprene­ur », ajoute M. Gagnon qui a lui aussi vécu des échecs au cours de son parcours.

DE L’AIDE POUR LES ENTREPRENE­URS

Alors qu’il était à la tête de Piranha Agence Tactique, il a été nommé Jeune Entreprene­ur de l’année Desjardins. En six mois, il a dégringolé de sa tour d’ivoire pour se retrouver au départemen­t des comptes spéciaux.

Les profits de la vente du livre iront à financer les activités du programme Persévéran­ce entreprene­uriale, dévoilé en janvier 2023, qui aide les entreprene­urs qui ont des enjeux de santé mentale et/ou des difficulté­s avec leur entreprise.

« On est là pour les aider à traverser ces moments difficiles là », souligne la femme d’affaires Nathaly Riverin, qui est à l’origine de cette initiative.

Le lancement du livre Et si l’entreprene­uriat rendait fou ? aura lieu le 20 mars.

 ?? PHOTO DIANE TREMBLAY ?? Nathaly Riverin, qui est à l’origine du programme Persévéran­ce entreprene­uriale, et Dominic Gagnon, coauteur du livre Et si l’entreprene­uriat rendait fou ?
PHOTO DIANE TREMBLAY Nathaly Riverin, qui est à l’origine du programme Persévéran­ce entreprene­uriale, et Dominic Gagnon, coauteur du livre Et si l’entreprene­uriat rendait fou ?

Newspapers in French

Newspapers from Canada