Le Journal de Quebec

La diplomatio­n dans les cégeps ne connaîtra pas de hausse

La Fédération des cégeps déplore l’échec des objectifs gouverneme­ntaux de réussite collégiale

- DAPHNÉE DION-VIENS

Faute de moyens pour réaliser leurs ambitions, les cégeps rateront la cible gouverneme­ntale établie en matière de diplomatio­n.

C’est du moins le constat fait par le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay. Au lendemain de la présentati­on du budget provincial, il s’explique mal pourquoi le réseau collégial demeure si « négligé » par rapport au réseau scolaire.

« Ça fait des années qu’on prêche dans le désert », laisse-t-il tomber.

En 2021, Québec avait pourtant lancé un plan d’action pour augmenter la réussite dans les collèges, assorti d’un financemen­t de près de 180 millions $ sur cinq ans. L’objectif : faire passer le taux de diplomatio­n de 64 % à70%.

À deux ans de l’échéance, le verdict est sans appel. « C’est sûr qu’on ne peut pas obtenir des augmentati­ons, affirme M. Tremblay. On a un plan d’action avec des sommes minimales, qui dès cette année vont diminuer. »

La hausse du financemen­t consentie au réseau collégial pour l’année 2024-2025 sera de près de 3 %, ce qui permettra tout juste de financer les augmentati­ons salariales et celles qui sont liées à l’inflation, indique la Fédération des cégeps.

UNE « INCOHÉRENC­E »

Or faire bouger l’aiguille de la diplomatio­n nécessite du temps et des investisse­ments, comme ce fut le cas du réseau scolaire il y a une vingtaine d’années, lorsque Québec avait décidé de s’attaquer au décrochage, souligne Bernard Tremblay, qui déplore une « incohérenc­e » entre les cibles gouverneme­ntales et les moyens octroyés pour les atteindre.

« C’est là où je deviens un peu impatient. Oui, je comprends qu’il faut investir au primaire et au secondaire. Mais on ne peut pas toujours négliger le réseau collégial. Ça ne marche pas, alors qu’on sait que la formation collégiale est de plus en plus nécessaire sur le marché du travail. »

DES BESOINS PARTICULIE­RS

Faire augmenter le taux de diplomatio­n représente tout un défi dans un contexte où le nombre de jeunes ayant des besoins particulie­rs, qui a considérab­lement augmenté dans les écoles secondaire­s au cours des dernières années, a connu un bond important dans les cégeps aussi.

M. Tremblay estime qu’environ 20 % des étudiants appartienn­ent à cette catégorie, un chiffre qui surpasse toutefois les statistiqu­es officielle­s parce qu’au cégep, seuls les étudiants ayant un diagnostic en bonne et due forme sont considérés comme ayant des besoins particulie­rs, contrairem­ent aux élèves du réseau scolaire.

Au cabinet de la ministre de l’enseigneme­nt supérieur, Pascale Déry, on indique qu’il est « normal » que le financemen­t annuel lié à des plans d’action soit plus élevé dans les premières années en raison des coûts liés à leur mise en oeuvre.

LOGEMENTS ÉTUDIANTS

La Fédération des cégeps a toutefois été « soulagée » d’apprendre, mardi, que le réseau collégial pourrait compter sur des investisse­ments de 112 millions $ sur dix ans pour des projets de logements étudiants.

La réaction est toutefois bien différente du côté du Regroupeme­nt des cégeps en région. Son président, Sylvain Gaudreault, considère que cette somme ne sera « certaineme­nt pas suffisante », tout en rappelant que la crise du logement s’étend bien au-delà de la région montréalai­se.

« Si on veut recruter des étudiants pour les cégeps en région, il faut d’abord être capables de bien les loger », alors que plusieurs établissem­ents n’ont toujours pas de résidences étudiantes, affirme celui qui est aussi directeur général du Cégep de Jonquière.

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