Le Journal de Quebec

Bannir Tiktok pourrait avoir des impacts ici

Une experte québécoise des médias socionumér­iques fait une mise en garde sur la décision des États-unis

- FRANCIS PILON

Même si les chances sont minces, une experte en médias socionumér­iques estime qu’une possible interdicti­on du réseau social Tiktok aux États-unis aurait des conséquenc­es sérieuses pour les internaute­s du Québec.

« Ça serait dramatique aussi pour les Québécois, si la loi est adoptée. Elle obligerait nos créateurs de contenu, comme des entreprise­s ou des influenceu­rs, à se tourner vers Meta à l’avenir pour toucher le public américain », explique Laurence Grondin-robillard, chargée de cours et doctorante en communicat­ion de l’université du Québec à Montréal (UQAM).

La Chambre américaine des représenta­nts a entériné mercredi une propositio­n de loi qui prévoit bannir le réseau social chinois des Étatsunis s’il n’est pas vendu.

C’est maintenant au tour du Sénat d’examiner ce projet de loi et de voter à son sujet. Selon le New York Times, même si la loi est adoptée, il est fort probable qu’elle sera contestée devant les tribunaux.

« Rien n’est encore joué. Ceci étant dit, Tiktok s’est toujours montrée ouverte aux dialogues dans le passé et la plateforme pourrait bien trouver une façon de ne pas se rendre à ce point. Ça demeure une grosse menace », estime Mme Grondin-robillard, qui écrit une thèse centrée sur Tiktok.

SOUPÇONNÉE D’ESPIONNAGE

Tiktok est visée par les autorités américaine­s depuis plusieurs mois. De nombreux élus estiment que la plateforme de vidéos courtes permet à la Chine d’espionner et de manipuler ses 170 millions d’utilisateu­rs aux États-unis.

La société a nié, à plusieurs reprises, avoir transmis de telles informatio­ns à Pékin.

« [Le projet de loi] vise à résoudre des questions légitimes de sécurité nationale et de protection des données liées aux rapports du Parti communiste chinois avec Tiktok », a mentionné le chef des démocrates à la Chambre des représenta­nts, Hakeem Jeffries.

Un peu avant le vote, hier, la Chine a indiqué dans un communiqué que d’interdire Tiktok aux États-unis équivaudra­it à « se tirer une balle dans le pied » pour la première puissance mondiale.

Notons que le projet de loi américain oblige carrément l’applicatio­n à couper tous ses liens avec sa maison-mère, nommée Bytedance, et plus largement avec la Chine.

Laurence Grondin-robillard se dit aussi inquiète pour les utilisateu­rs québécois qui s’informent principale­ment sur Tiktok si le réseau social est finalement banni.

Ces internaute­s n’auraient donc plus accès aux médias américains.

« Cinq pour cent des Canadiens consultent leurs nouvelles sur cette plateforme. Ça paraît peu, mais c’est beaucoup puisque ça représente une tranche d’âge spécifique. […] Avec le blocage des nouvelles sur Facebook et Instagram, on peut présumer que cette tendance est en hausse », note celle qui se spécialise en impacts sociopolit­iques des médias socionumér­iques.

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PHOTO AFP Pendant que le Congrès des États-unis discutait, hier, de bannir le réseau social Tiktok de son territoire, des Américains manifestai­ent à l’extérieur du Capitole à Washington pour demander de le préserver.

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