Le Journal de Quebec

Biden sera l’artisan de son succès

- @Pmartin_udem

Bonne nouvelle pour ceux qui croient encore à la démocratie et à l’état de droit : les chances de Joe Biden de vaincre Donald Trump sont moins mauvaises que plusieurs le laissent croire.

Il est courant pour les analystes de la politique américaine d’ici de se contorsion­ner pour paraître « neutres » en minimisant les travers de Trump ou en amplifiant ceux de Biden.

Néanmoins, la neutralité et l’objectivit­é sont parfois incompatib­les.

NEUTRALITÉ BIDON

Par exemple, à l’émission On va se

le dire, Stéphan Bureau s’est drapé dans une chape de neutralité en empruntant des demi-vérités et des faussetés du répertoire de Trump, dont il dit par ailleurs que la politique étrangère est souvent caricaturé­e et n’a rien d’inquiétant.

Emmanuelle Latraverse a déploré la « démonisati­on » (sic) des trumpistes et a suggéré ailleurs que, dans l’affaire des documents secrets, les soupçons contre Biden valent bien les accusation­s contre Trump. Normand Lester écrivait hier ici même que Biden serait « l’artisan de sa propre perte ». D’autres chroniqueu­rs traitent Biden de gâteux ou de momie, ou s’improvisen­t médecins pour le déclarer sénile.

À force de vouloir être « neutre », on peut finir par négliger la réalité objective. Un retour sur la dernière semaine peut remettre les pendules à l’heure (avancée).

UNE GROSSE SEMAINE POUR BIDEN

Après que le Super mardi a confirmé que l’électorat démocrate est plus uni derrière lui que l’électorat républicai­n derrière Trump, Joe Biden a livré une performanc­e solide jeudi au discours sur l’état de l’union. Trente millions d’américains l’ont vu.

En plus de faire mentir ceux qui dénigraien­t ses capacités, Biden a attaqué de front la politique étrangère trumpienne, qui ouvrirait les portes de l’europe à Poutine. Ce n’est pas une caricature et c’est inquiétant.

Dans la réplique républicai­ne, la stratégie trumpiste du mensonge pour cultiver la peur a été exposée au grand jour. Ce n’est pas de la diabolisat­ion de dire que c’est ce que les trumpistes veulent entendre, c’est la vérité.

Mardi, les républicai­ns du Congrès recevaient le procureur qui s’était permis un commentair­e dérogatoir­e sur la mémoire de Biden dans son rapport dans l’affaire des documents. On a appris mardi que la retranscri­ption des entrevues de Biden démentait carrément ces prétention­s.

Selon Robert Hur, Biden n’avait conservé que ses propres notes manuscrite­s (comme Reagan avant lui), qu’il a promptemen­t restituées sur demande. Trump a volé des centaines de documents ultrasecre­ts, a activement résisté à l’enquête et a refusé de rendre les documents après une mise en demeure. Ce n’est pas pareil.

REMONTER LA PENTE

Joe Biden a une pente à remonter, mais la dernière semaine a montré qu’il peut encore être l’artisan de son propre succès.

Les perception­s économique­s sont encore défavorabl­es, mais l’économie va bien et les prévisions sont optimistes d’ici à l’élection. L’inflation est maîtrisée, l’augmentati­on des salaires rattrape et dépasse celle des prix, la création d’emplois continue d’impression­ner et une réduction des taux d’intérêt pointe à l’horizon. C’est la réalité.

Les électeurs prendront conscience de cette réalité en même temps qu’ils entendront Biden proclamer qu’elle est liée à ses politiques, alors que son opposant n’offre que des réductions d’impôts pour les mieux nantis… sans parler des 91 accusation­s criminelle­s qui pèsent contre lui, qui n’ont aucune commune mesure avec les fautes imaginaire­s que les républicai­ns reprochent à Biden. Ça aussi, c’est la réalité.

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