11 milliards ? 11 milliards. 11 milliards !
Tant qu’à faire un déficit, aussi bien en faire un gros !
C’est probablement ce que s’est dit le gouvernement du Québec au moment de présenter son nouveau budget, qui nous présente des comptes publics dignes de Québec solidaire avec 11 milliards $ de déficit.
On peut difficilement y voir autre chose qu’une preuve de plus de l’incapacité de « l’état-providence » à se contrôler.
L’expansion perpétuelle de sa bureaucratie le condamne à dépenser toujours plus, ainsi que les revendications des groupes et lobbies qui vivent grâce aux subventions publiques.
DÉFICIT
On explique que ce déficit sera causé essentiellement par les hausses de salaire dans la fonction publique. Certes. Mais c’est une vision limitée des choses.
Le problème tient surtout à l’existence de l’obésité bureaucratique de l’état. On ne reprochera pas individuellement aux employés de l’état de demander d’être bien payés, cela va de soi. Mais on reprochera à l’état d’avoir laissé croître sa fonction publique à un tel niveau qu’elle devient tout simplement immaîtrisable.
Pour emprunter un vocabulaire d’un autre temps, la lutte des classes prend un nouveau visage, entre les travailleurs du privé et ceux de l’état, sans oublier bien évidemment la mise sous tutelle des États par le système financier du capitalisme mondialisé, au service d’une caste transnationale, qui a rompu ses liens existentiels avec les nations.
Ce déficit annonce, pour les années à venir, une période de franche austérité, car tout système qui fonctionne à l’endettement est appelé à connaître de grandes corrections budgétaires.
Il n’y a que la gauche radicale pour s’imaginer que la dette est une fiction idéologique néolibérale, une chimère qu’il nous appartient de ne pas respecter. Celui qui dépense trop sera tôt ou tard appelé à dépenser beaucoup moins.
La crise des finances publiques n’est pas une exclusivité québécoise : elle frappe tous les pays occidentaux. Elle est révélatrice d’un dysfonctionnement social et politique majeur, qui témoigne de la décadence de nos sociétés, de leur emmaillotage normatif, de leur soumission aux lobbies, de l’écrasement des classes moyennes, de leur obésité bureaucratique.
Et la crise budgétaire de l’état social sera radicalisée par les vagues migratoires qui le pousseront jusqu’au point de rupture.
Ajoutons que la question des finances publiques a chez nous une dimension supplémentaire : l’appartenance du Québec au Canada le rend dépendant des transferts fédéraux et des caprices financiers du gouvernement central. Ce n’est pas un détail quand vient le temps de financer le budget d’un État.
DÉCADENCE
Il ne faut pas oublier non plus que le gouvernement fédéral lui-même, sous la gouverne catastrophique de Justin Trudeau, s’est endetté monstrueusement : on utilisera cet argument contre le Québec dans quelques années, au moment du prochain référendum sur l’indépendance en expliquant que la part de la dette fédérale à récupérer nous écrasera. On répondra de bon droit qu’elle ne nous engage pas automatiquement.
Comme quoi, contrairement à ce que répètent les fédéralistes, le Canada nous endette, nous appauvrit.