Le Journal de Quebec

Une salariée en télétravai­l pincée à ne pas faire son boulot est congédiée

- Me Bernard Cliche, avocat émérite Beauvais Truchon Avocats

Suite à des plaintes de collègues concernant un faible rendement pendant notamment une longue période en télétravai­l, un employeur a fait de la surveillan­ce d’une employée en télétravai­l, en utilisant un logiciel espion apte à surveiller son poste de travail et à vérifier les sites de navigation consultés.

Pendant les vacances de cette employée, on a vérifié également le contenu de son ordinateur.

Lors de l’audition au tribunal administra­tif suivant son congédieme­nt, l’employeur a démontré que la travailleu­se a consacré 21 % de son temps à des recherches sans lien avec ses fonctions. De même, l’enquêtrice ayant examiné le contenu de l’ordinateur utilisé pour le travail repérera 14 sous-dossiers, des centaines de documents concernant des rénovation­s, l’organisati­on d’un voyage ou encore des documents en espagnol utilisés à des fins de formation linguistiq­ue.

Dans une chronique antérieure, le 8 décembre 2020, nous avons rappelé que même en regard du télétravai­l, l’employeur conserve un pouvoir de contrôle sur le travail à exécuter.

Nous soulignion­s alors l’existence de différents équipement­s sophistiqu­és, comme « Occupeye » pouvant déterminer avec précision l’utilisatio­n faite d’un ordinateur. C’est exactement ce qui est arrivé dans notre cas.

UN CONGÉDIEME­NT JUSTIFIÉ

Le congédieme­nt était-il la sanction appropriée ?

Le Tribunal a répondu affirmativ­ement à cette question. Pour lui, la faute déterminan­te est le vol de temps. Citant plusieurs décisions à l’appui de sa conclusion, ce tribunal estimera que « la conduite consistant à réclamer du salaire pour du temps consacré en quantité significat­ive à la navigation sur Internet à des fins personnell­es est souvent assimilée à une forme de vol de temps ou de fraude. »

Pour en arriver à décider du congédieme­nt, le Tribunal a tenu compte des politiques de l’employeur concernant l’utilisatio­n d’internet ou de tout autre appareil ou service technologi­que utilisés par ses travailleu­rs, ceci afin de diminuer les risques de sécurité de l’informatiq­ue et prévenir les intrusions malveillan­tes.

Or, pour le Tribunal, « la plaignante a largement excédé les limites posées à l’utilisatio­n personnell­e raisonnabl­e d’internet et des appareils mis à sa dispositio­n par l’employeur, de manière régulière et répétée, malgré les avis, les rappels et les directives. »

En définitive, que l’on soit au bureau ou en télétravai­l, la règle est toujours la même : respecter les politiques et directives reliées à l’utilisatio­n des outils informatiq­ues mis à notre dispositio­n et se rappeler que même à distance, un employeur a les moyens techniques pour vérifier la réalisatio­n normale et habituelle du travail.

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