L’heure de la retraite n’a pas encore sonné
Âgé de 31 ans, Laurent Dubreuil n’a pas perdu la flamme et compte participer aux Jeux olympiques de 2026
Seulement le quatrième Canadien de l’histoire à remporter deux médailles au championnat mondial la même année, le patineur de vitesse longue piste Laurent Dubreuil a connu une très bonne saison, mais le départ de quelques grosses pointures qui ont percé la scène internationale en même temps que lui le font réfléchir.
Médaillé d’argent au 500 m du mondial par distance à Calgary en février, Dubreuil a conclu sa saison, vendredi dernier, en remportant le bronze au mondial sprint à Inzell en Allemagne pour rejoindre dans un groupe sélect Jeremy Wotherspoon, Gaétan Boucher et Mike Ireland.
À 31 ans, le Lévisien a vu trois patineurs effectuer leur dernier tour de piste dans les dernières semaines, trois patineurs avec qui il avait pris part au mondial junior en 1992. Les trois comptent des médailles olympiques et le championnat mondial à leur palmarès.
Médaillé d’or sur 1000 m aux Jeux de Pékin devant Dubreuil, le Néerlandais Thomas Krol a disputé sa dernière course en carrière à la Coupe du monde de Québec au début février. Médaillé d’or lui aussi, mais sur 500 m aux Jeux de 2018 à Pyeongchang, le Norvégien Havard Holmefjord Lorentzen a annoncé son départ au mondial sprint tout comme son compatriote Sverre Lunde Pedersen qui est monté sur la plus haute marche du podium à la poursuite par équipe en Corée du Sud en plus de mériter le bronze au 5000 m.
UN COUP DE VIEUX
« J’ai pris un coup de vieux, a illustré Dubreuil. La pause va me faire du bien, surtout que j’ai traîné une blessure à un genou pendant toute la saison. Je vais me sentir vieux l’an prochain avec le départ de trois patineurs avec qui j’ai fait mes débuts. » Dubreuil ne compte toutefois pas imiter ses collègues.
« Je suis dans le dernier tiers de ma carrière, mais il me reste plusieurs bonnes saisons, a-t-il affirmé. Je m’engage assurément pour les deux prochaines années jusqu’aux Jeux olympiques de Milancortina d’ampezzo. J’ai encore beaucoup de plaisir à pratiquer mon sport et je me retrouve encore parmi les meilleurs. »
S’il nous disait l’an dernier avant les mondiaux de Heerenveen vouloir poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux de 2030, Dubreuil ne regarde plus maintenant aussi loin. « Après les Jeux de 2026, je vais y aller une année à la fois, a-t-il indiqué. Il faudra voir si j’ai encore la motivation de compétitionner avec les meilleurs, mais il ne s’agira pas seulement de ma décision. Ça va être une décision familiale. Je dois bien ça à mon épouse et à mes enfants. »
PERFORMANCE HORS DE L’ORDINAIRE
Avant de rentrer à la maison, Dubreuil était aux premières loges pour assister à la performance extraordinaire de Jordan Stolz. Le sprinter américain a remporté, dimanche, le championnat mondial toutes distances, ce qui ne s’était pas vu pour un sprinter depuis les années de gloire de son compatriote Eric Heiden qui avait réussi l’exploit en 1977, 1978 et 1979 avant de gagner cinq médailles d’or aux Jeux olympiques de 1980 à Lake Placid.
Heiden avait aussi remporté le mondial sprint de 1977 à 1979, mais les deux événements n’avaient pas lieu la même fin de semaine à l’époque.
« À une époque où les patineurs se spécialisent, je n’aurais jamais cru voir ça de ma vie, a souligné Dubreuil. C’est encore plus impressionnant. Ça ressemble à Shohei Ohtani des Dodgers de Los Angeles qui lance et qui frappe avec succès. »
UN 5000 M D’ANTHOLOGIE
Dubreuil a été particulièrement impressionné par la prestation de Stolz au 5000 m. « S’il a terminé au 1er rang au 500 m et au 1500 m comme prévu, son chrono de 6 min 14 s 76 au 5000 m est impensable pour un sprinter. Il a retranché 13 secondes à son temps réussi au mondial junior l’an dernier. C’est gigantesque. Les femmes me défoncent au 5000 m. »
« Il a devancé le médaillé de bronze au mondial par distance Bart Swings, d’ajouter Dubreuil. Sa performance équivaut à un coureur qui gagnerait l’or au 100 m et terminerait en 7e place au 5000 m. »
« À seulement 19 ans, il pourrait gagner le 5000 m aux prochains Jeux s’il poursuit sa progression, d’ajouter le double vice-champion du monde sur 500 m. Heiden est le seul patineur de l’histoire meilleur que lui pour le moment. »
S’il s’est entraîné pour un effort de 13 minutes au 10 000 m, Stolz n’a rien perdu de son explosion. « C’est un alien, a-t-il illustré. Il s’entraîne pour une course de 13 minutes, mais il a réussi à Calgary au mondial le départ le plus rapide sur 500 m. »