LÀ OÙ LE DOPAGE N’A PAS DE SENS
Des athlètes de curling, de voile et d’escrime, notamment, ont échoué à des tests
Il n’y a pas un dossier de dopage dans le sport qui est justifié et qui mérite approbation, mais certains cas suscitent plus l’incompréhension que d’autres. Comme le fait qu’une athlète en curling puisse arriver à la conclusion qu’il s’agit de la meilleure décision pour la suite de sa carrière.
Mardi, il a été annoncé que la curleuse de Winnipeg Briane Harris avait été écartée du championnat canadien féminin il y a quelques semaines, après avoir été déclarée positive au Ligandrol, sur deux échantillons.
L’athlète de 31 ans risque maintenant une suspension pouvant aller jusqu’à quatre ans.
Avant d’aller plus loin, il faut spécifier que Harris entend contester le verdict auprès du Tribunal arbitral du sport et que son avocat plaide qu’elle aurait été exposée à la substance interdite de façon non délibérée par voie de « contact physique ».
EN APPEL
Qui sait, peut-être qu’elle parviendra à laver son nom, comme avait réussi à le faire la canoéiste Laurence Vincentlapointe avant les Jeux de Tokyo. Ses échantillons révélaient aussi la présence de cette substance ingérée à son insu.
Si toutefois Harris a vraiment choisi la voie du dopage, une question demeure : Pourquoi ?
Au risque de se répéter, il n’y a pas de raison valable pour justifier le recours à des produits dopants, peu importe le sport. Avouons qu’il est cependant difficile de comprendre la nécessité ou la pression d’avoir à opter pour cette avenue au curling.
Sans diminuer les exploits des curleurs, cette discipline fort respectable ne nécessite surtout pas d’être une montagne de muscles. Le curling n’exige pas non plus une endurance surhumaine ou une santé cardiovasculaire impeccable.
QU’EST-CE QUE LE LIGANDROL ?
Voilà qui nous ramène à une autre question... Qu’est-ce que ça mange en hiver le Ligandrol ?
On dit de cette substance qu’elle est utile pour la croissance musculaire et l’augmentation du niveau d’énergie. En tout respect, la pierre va quand même atteindre la cible et le balai ne sera pas plus rigoureux sans Ligandrol.
Cette substance n’aurait aucune utilité médicale, selon l’agence antidopage des États-unis.
Cette histoire qui touche malheureusement une athlète canadienne fait sourciller puisque les cas de dopage en curling sont quasiment inexistants. Le plus médiatisé est survenu aux Jeux olympiques de Pyeongchang, en 2018, quand un couple russe a perdu sa médaille de bronze en double mixte après un test positif au meldonium.
D’AUTRES CAS RARES
Le curling n’est pas le seul sport où on s’attendrait à ce que le dopage ne s’invite pas.
En juillet 2022, une autre Canadienne, qui elle pratique le hockey sur gazon, Audrey Sawers, avait été suspendue un mois lorsque la présence de canrénone, un diurétique qui peut servir d’agent masquant, avait été détectée dans son système.
Un an plus tôt, à travers le monde, quatre cas de dopage ont été recensés en... tennis de table. Deux cas ont été identifiés en voile et trois en escrime. Pas moins de 13 athlètes ont été suspendus pour avoir enfreint la politique antidopage en tir à l’arc.
C’est presque surréaliste. Ce n’est rien contre ces sports et chacun peut fort légitimement avoir envie de se dépasser dans sa discipline de prédilection, quelle qu’elle soit. C’est même très noble.
Ce qui est moins noble, c’est de pousser la note plutôt que de simplement pousser la pierre, si vraiment c’est ce qui s’est produit dans cette triste histoire de curling.