Fausse assurance et peu de communication
Les collègues de la policière racontent sa mort
Un des policiers présents lors de l’intervention qui a coûté la vie à une collègue le 27 mars 2023 avait possiblement un faux sentiment de sécurité en se présentant chez le suspect.
Le premier policier à avoir témoigné hier à l’enquête publique du coroner sur la mort de la sergente de la Sûreté du Québec (SQ) Maureen Breau a été William Berrouard.
Il s’était rendu chez le suspect Isaac Brouillard Lessard trois jours avant le drame, découvrant qu’il avait des armes blanches et des antécédents de voies de fait. Lorsqu’il est venu pour l’arrêter le 27 mars, l’agent dit qu’il était sur ses gardes, mais qu’il avait l’impression d’avoir développé un certain lien avec lui.
« Je n’avais aucune information qui me disait qu’il pouvait s’en prendre avec une arme à nous. »
La coroner Géhane Kamel lui a alors demandé : « Diriez-vous que l’intervention que vous avez faite avec lui le 24 mars vous donne une fausse assurance pour le 27 mars ? »
« Possiblement », a répondu l’agent Berrouard.
Trois policiers du poste de la SQ de Louiseville ont replongé au coeur de l’intervention fatidique hier, faisant revivre minute par minute aux familles le moment où leur proche a perdu la vie.
Au moment où le suspect a ouvert sa porte, une odeur de cannabis et un changement d’humeur de Brouillard Lessard ont surpris Berrouard. Le policier a raconté qu’en une seconde, le prévenu l’a frappé à la tête avec un couteau après avoir été convaincu qu’il avait refermé la porte de son domicile. Le policier a raconté avoir eu peur de mourir.
VIOLENT, SOURNOIS ET SANGLANT
Pour sa part, l’agent Constant Perreault a raconté avoir battu en retraite dès qu’il a vu Brouillard Lessard reculer pour prendre un objet, mais sans avertir ses collègues d’un danger.
« J’y pense tous les jours. J’aurais pu dire de quoi », a-t-il avoué.
Maureen Breau, qui était en retrait au bas des marches, est alors montée en renfort sans se douter de la présence du couteau.
« L’attaque au couteau, c’est violent, c’est sournois, c’est sanglant, puis c’est vraiment pas beau », s’est remémoré Perreault lors de l’audience.
Lui et la policière Frédérique Poitras ont finalement abattu Brouillard Lessard.
« Reste avec nous Maureen » a été l’une des phrases répétées par Berrouard, alors que les trois collègues attendaient, pendant un moment qui leur a semblé interminable, l’ambulance.
Les audiences se poursuivent aujourd’hui.