Des logements sociaux étaient attendus dans le budget Girard
Des organismes ont dénoncé l’absence de constructions dans les années à venir
Le budget Girard a été fustigé de toutes parts pour son manque d’aide supplémentaire à la construction de logements sociaux, malgré la crise qui sévit, par des organismes et des résidents inquiets de se retrouver à la rue.
« Ils construisent des condos partout, mais aucun logement social. Moi, ça fait huit ans que j’attends ! Bientôt, je ne pourrai plus vivre dans mon quartier », s’alarme Ebelina Pineda, une retraitée de 68 ans qui vit à Anjou depuis 35 ans.
Entourée de groupes communautaires et de citoyens, Mme Pineda manifestait hier devant Les Halles d’anjou, où un projet de 692 logements de luxe doit sortir de terre. L’énorme complexe immobilier ne comprend aucun logement social parce que le promoteur a plutôt offert une compensation financière au Fonds d’acquisition de Montréal, déplore Lili Bergeron, organisatrice communautaire chez Infologis de l’est-de-l’île-de-montréal.
« Avec la construction de la nouvelle station de métro, le quartier va s’embourgeoiser et les loyers vont énormément monter. Il faut que les locataires vulnérables aient aussi le droit d’habiter à côté d’une station de métro », dénonce-t-elle.
UN MANQUE DE VOLONTÉ FLAGRANT
Pour Catherine Lussier, coordonnatrice du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), ce projet démontre qu’il faut aller plus loin pour obliger la création de logements sociaux dans les projets immobiliers.
Si ce dernier montre le manque de volonté politique au niveau municipal, la présentation du budget par le ministre des Finances Eric Girard le fait aussi en n’investissant pas plus dans la création de logements sociaux pour les prochaines années.
« Après cinq budgets où l’on a annoncé au compte-gouttes le financement de nouveaux logements sociaux, c’était le moment de donner un grand coup », estime Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
L’organisme espérait plutôt que Québec annoncerait la construction de 50 000 logements sociaux en cinq ans pour répondre à la situation urgente dans laquelle se trouvent les locataires les plus vulnérables.
« On a vraiment un gouvernement qui n’a aucune considération pour les locataires, les mal-logés qui ne peuvent plus se loger décemment », renchérit Catherine Lussier.
Selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, il faudrait construire 150 000 logements par année dans la province pour rétablir l’abordabilité, estime l’association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.