Du jamais vu, cette patience
Il y a trois ans, le Canadien était éliminé au mois d’octobre. L’an dernier, c’était à Noël et cette année les espoirs se sont envolés au Match des étoiles.
L’équipe va rater les séries pour la cinquième fois en sept ans, ce qui est du jamais vu dans l’histoire de cette prestigieuse organisation. Aussi, le Canadien sera absent des séries pour une cinquième fois de suite dans un calendrier de 82 matchs. Les Montréalais avaient participé aux séries en 2020 et 2021 après des calendriers réguliers écourtés par la pandémie.
À travers cette période, il y a eu trois changements d’entraîneurs et deux directeurs généraux.
En ce qui concerne les statistiques, encore cette année, l’équipe peine à marquer des buts et elle en accorde encore beaucoup. De plus, la formation montréalaise est l’une de celles qui gagnent le moins souvent devant ses partisans à travers la Ligue nationale de hockey.
Cependant, malgré les défaites et une autre exclusion à venir en séries, le ciel demeure ensoleillé pour une très forte majorité.
Aucun bruit, aucune levée de boucliers, aucune montée aux barricades et aucun sac en papier sur la tête. Les critiques et les commentaires acerbes sont rares. Au contraire, j’ai vraiment l’impression que les partisans sont derrière leur équipe.
«OLÉ,OLÉ,OLÉ»
Prenez l’exemple de la rencontre de mardi contre les Blue Jackets de Columbus. C’était le 65e match de l’année. L’équipe venait de perdre 11 fois dans les 14 parties précédentes et occupait le 26e rang du classement général.
À 3-0 contre les pauvres Blue Jackets, on entendait la foule chanter « Olé, olé, olé ». Puis, les spectateurs ont scandé « Primeau, Primeau, Primeau » pour saluer la neuvième victoire de la carrière du jeune gardien, exactement comme on le faisait pour Carey Price, José Théodore ou Patrick Roy.
Je lève mon chapeau à Jeff Gorton et Kent Hughes pour leur transparence et leur honnêteté dans leur façon d’avoir vendu le plan de reconstruction. Les amateurs, et j’ai envie de dire les médias, sont indulgents et tolérants envers ce que la haute direction est en train de bâtir.
Soyons honnêtes. Depuis 40 ans, les directeurs généraux qui se sont succédé à Montréal n’ont pas eu droit à cette clémence. En 1995, Serge Savard avait été fustigé parce que le Tricolore avait raté les séries pour la première fois en 25 ans.
Pour sa part, Bob Gainey n’a raté les séries qu’une seule fois et il a reçu sa grande part de critiques lors de son mandat.
Je pense que Martin St-louis a aussi droit à une certaine forme d’immunité. Son passé gagnant comme joueur, son calme et son grand sens de l’enseignement sont appréciés. Malgré son manque d’expérience, St-louis a rapidement été respecté.
THERRIEN ET DUCHARME
À l’opposé, j’ai l’impression que nous avons été beaucoup moins compréhensifs avec d’autres entraîneurs-chefs. Prenons l’exemple de Michel Therrien et Dominique Ducharme, avec qui, je trouve, nous avons été beaucoup plus sévères.
En 2017, Therrien s’est fait congédier alors que son équipe occupait le premier rang de la division. Pour sa part, Ducharme a perdu son emploi quelques mois après avoir mené le Canadien à sa première finale de la Coupe Stanley en 28 ans.
Bref, je trouve que tout le monde prône la patience et l’indulgence, ce qui est, selon moi, du jamais vu dans l’histoire de l’organisation. Combien de temps ce climat affable et courtois envers les dirigeants et l’entraîneur vat-il demeurer ? Impossible de le dire.
Pour l’instant, les amateurs vivent d’espoir et ils adhèrent au plan proposé.
Descripteur des matchs du Canadien et de nombreux événements spéciaux à TVA Sports, Félix Séguin écrira tous les vendredis dans le Journal.